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 Anna Temple - Anomalie Temporelle

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Anna Temple
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MessageSujet: Anna Temple - Anomalie Temporelle   Anna Temple - Anomalie Temporelle Empty11.02.18 22:50


ANNA TEMPLE
Ft. Maria Ehrich

identity
Nom, Prénom(s) : Anna Eileen May Temple. Alias : Anna, tout simplement. Âge : 23 ans. Lieu de naissance & nationalité : Royaume Uni, Britannique. Métier : Etudiante en Histoire de l'Art et Archéologie à UCL. Antiquaire à temps partiel chez McNaughtan's Bookshop. Statut Civil : Célibataire. Orientation Sexuelle : Hétérosexuelle. Groupe : Humans. Affiliation : Independants. Autres Infos :Anna est née - grande prématurée - le 17 janvier 2010, avant le mariage de ses parents le printemps de la même année. Son premier voyage temporel s'est déclenché vers 12 mois, c'est son arrière-grand-père - Wilfred - qui l'a vue disparaître puis réapparaître sous ses yeux. Anna est ingénieuse et expressive, mais plutôt empotée dans sa gestuelle. Elle ne ressemble physiquement à aucun individu de sa famille, bien que sa grand-mère maternelle - Sylvia - s'obstine à lui trouver des traits communs aux siens. Sa mère travaille en tant qu'organisatrice de mariage dans sa propre entreprise, et son père est engagé comme spécialiste cybernétique au sein de l'Armée Britannique.

everybody's special
Anna a quelques soucis avec le temps. Rien de très alarmant, me direz-vous : certains sont toujours en retard, d'autres toujours en avance. C'est ainsi. Cependant Anna ne partage pas exactement les mêmes soucis temporels que la plupart des gens.

Elle n'est pas seulement de ceux et celles qui dorment dans les transports en commun et qui - mortifiés - s'éveillent trois arrêts plus loin que prévu.

Tandis que vous, vous empresserez de courir après un second métro dans l'espoir fou d'arriver à destination - à peu près - à l'heure. Anna - qui somnolait deux places plus loin - aura disparu du wagon pour y réapparaître 20 ans plus tôt. Dans ce cas-ci, attraper un second métro à contre-sens n'est pas très utile. Même si - dans le doute - Anna vous inciterait à essayer. Les réponses les plus simples et  incongrues sont souvent les bonnes.   

Ces
sauts dans le temps aléatoires et anxiogènes, ne sont heureusement pas le quotidien d'Anna. Pour être plus précis, ils ne le sont plus grâce à U.N.I.T. Même s'il arrive que leur technologie - un implant sous-cutané - adaptée d'un manipulateur de faille, ne soit pas des plus fiable. Jusqu'ici, Anna s'est trouvée chanceuse de disposer d'allers-retours presque instantanés entre son époque et une autre. Excepté son troisième voyage sans implant - à l'âge de 5 ans - qui aurait duré approximativement 15 années, et dont elle n'a aucun souvenirs.  

Il lui arrive également d'expérimenter des phénomènes de
précognition. Elle voit certains événements, ou situations avant qu'ils ne se produisent. Pour Anna, ces précognitions interviennent comme des déjà-vus inversés - qui parfois  - rebouclent dans son esprit jusqu'à ce qu'un élément déclencheur ne provoque la situation ou l'empêche de se poursuivre. Ce phénomène est un instant désagréable pour  la jeune femme cependant il n'engendre pas de souffrance physique.

Anna a choisi de taire cette aptitude à U.N.I.T, de peur qu'une excentricité de plus ne finisse par les décider à la faire enfermer. Elle, qui se sait déjà sous leur surveillance - et celle du Gouvernement -.

IRL
Pseudo/Prénom : Danaé / Angéline. Âge : 25 ans. Genre (♂|♀|⚧...) : ♀. Féminin / Elle, à la 3e personne. Fréquence de connexion : Souvent. Sans trop m'avancer, pour le moment. Comment avez-vous trouvé le forum : J'avais déjà ouvert un compte ici, mais à ce moment là le forum semblait être en pause. Juste après mon arrivée, vous aviez  d'ailleurs opté pour fermer les inscriptions.  Anna Temple - Anomalie Temporelle 3134132864  Qu'en pensez-vous : Il est magnifique.  Anna Temple - Anomalie Temporelle 1248932051  Crédits : Mike A. Kraus / Tumblr.



Dernière édition par Anna Temple le 10.03.18 23:21, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Anna Temple - Anomalie Temporelle   Anna Temple - Anomalie Temporelle Empty11.02.18 22:51


HISTOIRE
“Anormal : ce qui est normal chez les anormaux.”


Ce que l'on pense de l'anormalité, à 5 ans
「26」「Janvier」「2015」☆「Début d'après-midi」

L'anormalité à 5 ans, c'est plutôt drôle. Enfin, drôle. N'exagérons rien, ce n'est drôle que lorsque grande-tante Karen - fière habitante du comté de Cheshire - décide une fois l'an de descendre sur Londres afin de prendre des nouvelles de sa famille. Après les embrassades requises et quelques questions d'une politesse impeccable, l'horloge du petit salon sonne l'heure du thé et la langue de Karen - tout à son aise - finit par se délier. Un peu trop. Elle remonte des binocles rondes sur un nez pointu, observe votre frêle forme assise sur le fauteuil vert amande et déclame quelque chose comme. « C'est fou. Je n'en reviens toujours pas. Elle ne leur ressemble ab-so-lu-ment pas. C'est surprenant, on se serait pourtant atten- [...] ». Tiens, voila qui est étrange. Vous avez comme l'impression d'avoir la tête sous l'eau, les lèvres de grande-tante Karen bougent et laissent échapper une suite de sons confus. Vous jetez un regard en coin à papy Wilf qui, les mains vissées sur vos oreilles vous offre un sourire complice. Qu'importe. L'articulation, et les gestes de Karen - dans l'exagération - seraient compréhensibles par un sourd. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les sourds.

Que veut-elle dire maintenant. Karen pointe du doigt ses cheveux roux - aussi flamboyant que ceux de maman - fait un parallèle avec les vôtres. Bruns. Grand-maman Sylvia, lève les yeux au ciel en réponse aux propos de sa sœur cadette. Avec un peu de concentration, le terme peau et le prénom Shaun - c'est votre papa - peuvent se lire sur les lèvres de chacune, et semblent être le point de rupture de leur conversation.

Votre bouche se plie en une moue incertaine. Papa a la peau chocolat. S'il s'agit vraiment de cette non-ressemblance là qui est discutée, vous avez déjà tenté l’expérience délicieuse du masque au nutella. Le résultat était plutôt probant, jusqu'à ce que maman ne s'en aperçoive et - catastrophée - vous oblige à détruire vos brillants efforts devant la glace de la salle de bain. Un soupir discret vous échappe, les adultes ne sont-ils donc jamais contents ?

Papy décolle ses deux paumes de vos oreilles, et vous entendez de nouveau les voix de Karen et grand-maman.
« [...] de quoi s'interroger. Anna est mon portrait craché lorsque j'étais petite-fille ». Un gloussement étouffé éclot soudain dans l'antre du petit salon. « Sylvia mon cœur. Sans vouloir te froisser, cette enfant ne partage absolument rien avec toi.». Grand-maman arbore une expression vexée. Les deux yeux - couleur bleu glacier - de papy se font désapprobateurs. « Karen... ».

Karen - toute d'innocence faite -, vient d'adopter une posture défensive. Votre livre d'autocollants amusants menace dangereusement de tomber de la table qui vous fait face. Distraite, vous parvenez à l'attraper juste avant sa chute. « Quoi. Enfin papa, je n'ai jamais dis que c'était mal de ne pas ressembler à Sylvia ». Un franc sourire vient s'étaler sur le visage de votre grande-tante, avant qu'elle ne s'adresse enfin à vous - un autocollant en forme d'étoile entre vos doigts -. « Bien au contraire, trésor ».

Ce dernier bon-mot eu l'effet attendu. Suffisant pour que grand-maman - atteinte dans son orgueil -, se décide à déterrer la hache de guerre. La hache. Ainsi que chaque dossier ayant composé le passé commun des deux sœurs. « Parce que tu penses peut-être, avoir l'apparence d'une mannequin ? Ah ! En voila une bien bonne. C'est sans doute pour cette raison, que Peter a décidé un beau matin de t'abandonner pour une autre ».  

Désabusé. Papy Wilf secoue légèrement votre manche de pull pour vous encourager à vous lever. Exactement comme la tempête s'abattant brusquement sur le petit salon. Les mains encore pleines d'autocollants étoilés, vous obéissez aveuglément. « C'est tout à fait inutile et malsain de ta part de me rappeler Peter. Le sujet n'est pas là, nous parlions de physiques agréables... Et désagréables ». Jusqu'ici, vous pensiez qu'une coupelle de tasse de thé n'était qu'un réceptacle vaisselier. Cependant, plus vous observez les jointures des mains de votre grand-mère blanchir, plus vous vous trouvez convaincue d'avoir sous-estimer les multiples usages de ce simple objet.

Une petite menotte dans celle - plus grande et noueuse - de votre papy. Votre cahier d'autocollants sous le coude, vous fuyez la pièce emplie d'éclats de voix. Wilf referme la porte sur celles-ci. « Ne t'inquiètes pas pour elles, dans 5 minutes elles sont réconciliées. Elles ont toujours fonctionné comme ça. Ces têtes de mules. En attendant, si nous allions nous balader dehors. Qu'en dis-tu ? ». Vous hochez la tête, et déposez votre cahier sur la console de l'entrée. Vous aimez bien passer du temps avec grand-maman et papy - et même avec grande-tante Karen - mais une vague inquiétude vous habite ces derniers jours. « Ils reviennent de voyage bientôt, papa et maman ? ». Papy Wilf jette une veste sur ses épaules, puis vous aide à passer votre manteau d'hiver bleu nuit. « Ils seront de retour dès demain matin, reste sage jusque là ». Il enroule une écharpe autour de votre cou, et entrouvre la porte d'entrée. Le froid du mois de janvier s' y engouffre aussitôt. « Où sont tes gants Anna, dans tes poches ? ». Vous plongez vos mains dans vos poches vides et duveteuses. « Euh. Non ». Wilf cherche un instant du regard une trace de vos gants dans la pièce. « S'ils ne sont pas ici, ils se trouvent sans doute à l'étage. Patientes une minute, je reviens ». Papy vous tourne le dos, et s'enfile dans l'escalier en bois de chêne.

Seule. Vous vous ennuyez. Remontez la capuche sur votre tête brune. Mettez un pied dehors, puis deux. Tiens. Les scratchs de vos bottines sont défaits. Vous vous penchez pour les réajuster, lorsqu'un courant d'air claque la porte derrière vous. Un frisson parcours votre échine, et la tête vous tourne.





Vous vous redressez, et le paysage autour de vous a changé. De l'hiver vous êtes passée à l'été. Vous tournez la tête - votre capuche tombe - et la maison de papy et grand-maman a disparu. Un homme à la chevelure noire - ébouriffée -, peint sur un grand chevalet au fond du jardin. Enfin, là où se trouvait le jardin il y'a quelques secondes.

Il a l'allure d'un gros ours avec sa barbe longue et ses sourcils épais. Vous espérez qu'il ne s'agit pas d'un méchant monsieur prêt à vous enlever, maman et papa vous ont assez mis en garde contre ce genre de rencontre. Il n'a pas l'air de vous avoir remarqué, vous pourriez fuir mais vous n'avez plus de maison où vous cacher. C'est un problème, comment avez-vous  fait pour vous retrouver au milieu de nulle part ? Bon. Il y'a des moments dans notre vie, ou il faut faire montre de courage ! Ce sont les mots de votre papy. Et il a rarement tort. Alors...
 

« Euh. Monsieur ? ». Il ne se détourne pas de sa tâche. Discrètement, vous vous approchez. De belles fleurs - aux couleurs éclatantes - s'étalent en de multiples bosquets autour du peintre. « Monsieur. Oh, eh ! ». Sans même se retourner face à vous - ou interrompre sa peinture - vous l'entendez vous intimer - rêveusement - le silence. « Chuuut ! ». Ses pinceaux sont animés par le souci du détail, et vous trouvez bientôt passionnant de le regarder travailler.

Vous ignorez combien de temps vous êtes restée là, à l'observer reporter les couleurs alentours sur son grand cadre blanc. Sans doute un très long moment car lorsqu'il finit par s'interrompre, le soleil ne se trouve plus à la même place dans le ciel que lors de votre arrivée à son côté. Il essuie ses pinceaux sur un chiffon grisonnant  et - souriant - prononce enfin une phrase.
« Ah. Vous êtes encore là, petite demoiselle au manteau bleu. Je vous remercie d'être restée silencieuse tandis que je peignais, comment puis-je vous aider ? ». L'homme n'avait pas seulement une apparence étrange, il avait aussi un accent compliqué. Vous hésitez un moment avant de lui répondre. « Je crois que je me suis perdue. Je ne vois plus ma maison. Où sommes-nous ? ». Du haut de vos 5 ans, vous faites de votre mieux pour ne pas paraître intimidée par la carrure de ce bonhomme à la chevelure hirsute. « Nous sommes à Chiswick, Mademoiselle. Au loin, vous pouvez apercevoir le cloché de l'église Saint-Nicholas. C'est assez alarmant, si vous vous trouvez perdue... Voyez-vous, je ne suis pas d'ici. Je suis un simple voyageur Français, d'autres personnes pourraient vous aider mieux que moi. Accepteriez-vous de m'accompagner jusqu'au village ? ». De plus en plus perdue, vous agitez lentement la tête en signe d'assentiment. Les rouages de votre cerveau tournent à une vitesse folle sous votre crâne... Votre papy et votre grand-maman habitent Chiswick. C'est bien l'une des seules choses dont vous êtes certaine. Alors pourquoi rien ne vous parait familier, sinon l'église ?

L'homme plie son chevalet, range ses couleurs et ses pinceaux avant d'attacher son tableau - incomplet - dans son dos.
« Quelqu'un doit forcément vous attendre quelque part avec inquiétude. Il ne peut pas être bien loin. Allons-y ». Vous suivez le peintre, tout en guettant l'apparition de voies ou bâtiments connus. Rien à l'horizon. Pour tromper votre inquiétude, vous vous résolvez à faire la conversation. « Pourquoi peigniez-vous ces fleurs, tout à l'heure ? ». Encombré par ses nombreuses affaires, il vous tend son drôle de chapeau plat pour que vous l'aidiez. Vous vous en saisissez sans trop réfléchir. « Pour leur beauté. De quelle autre raison avons-nous besoin ? Certains vous répondront ainsi... Mais, ce n'est pas mon cas ! ». Son bon pas s'arrête abruptement et vous manquez de lui rentrer dedans. Il observe un bosquet, avant de cueillir l'une des fleurs illustrées dans son tableau. L'homme  vous la présente avec bonhomie. « Voici, Mademoiselle. Cette fleur est une  hemerocallis ». Il reprend son rythme énergique, vous laissant à la traîne quelques secondes. Pensive, vous maintenez votre faible poigne sur la fleur et le chapeau. « Cette fleur est fascinante, elle s'ouvre au petit matin et se ferme au couché du soleil. N'est-ce pas là, une étrange similitude avec le cycle humain ? L'éveil, puis le sommeil. La naissance, puis la mort. Une véritable métaphore végétale en somme ». Bien que vous vous savez en avance pour votre âge, l'homme vous a complètement égaré en chemin - au sens figuré, car vous l'êtes déjà au sens littéral -. « C'est quoi une métaphore ? ». Ses grandes enjambées s'étrécissent progressivement pour mieux se calquer sur les vôtres. « Qu'est-ce qu'une métaphore. On use d'une métaphore lorsque l'on dit par exemple... ». Le peintre vous jauge du regard un bref instant. « Quel âge avez-vous ? ». Fièrement, vous placez sous ses yeux les 5 doigts de votre main droite. « 5 ans. Je m'appelle Anna ». Une expression songeuse se dessine sur les traits du peintre. « Enchanté Anna, je me prénomme Claude. Il serait peut-être plus sage cela-dit, de ne plus aborder le sujet des métaphores à propos de la vie et la mort. Votre jeune esprit n'a pas besoin d'être pollué par la tristesse ou la mélancolie ». Vous acquiescez mollement, ce n'est pas la première fois que les adultes préfèrent éluder vos questions. Vous êtes habituée.

Le terrain sous vos pieds se fait plus rocailleux, et vos petites jambes fatiguent. Vous n'avez pas l'impression de vous être beaucoup rapprochée de l'église Saint-Nicholas, pourtant.
« Souhaitez-vous que nous nous arrêtions un moment, pour nous reposer ? ». Vous déboutonnez votre manteau d'hiver, pliez et dépliez vos orteils à l'intérieur de vos chaussures. « J'aimerais bien, si ça ne vous dérange pas ». A quelques mètres de là où vous vous trouvez, deux pierres plates sont légèrement enfoncées dans le sol à la jonction d'un chemin. Le peintre vous conduit vers celles-ci, et vous époussetez la surface avant de vous y poster. Il dépose son matériel - ainsi que son oeuvre en devenir - à votre gauche. « Si vous avez soif, j'ai une gourde d'eau dans mon bardas. N'hésitez pas à vous servir ». Vous lui offrez un sourire reconnaissant tout en déclinant la proposition. Votre attention est de nouveau attirée par la toile du peintre et ses couleurs vives. « Votre peinture est très jolie ». Le dénommé Claude - assis à deux pas de vous - semble sincèrement ravi que vous trouviez ses travaux à votre goût. « Merci Mademoiselle Anna. Hélas, tout le monde n'est pas de votre avis. Je suis venu en Angleterre en partie pour m'inspirer d'autres artistes. Ceux que les juges et le grand public pensent plus talentueux que moi... Je rêve de peindre l'hiver comme sait si bien le faire Turner ». Donc - si vous comprenez bien - cette peinture est destinée à être notée. Un peu comme lorsque Madame Lidden - votre assistante maternelle - se décide à coller des petits ronds rouges, oranges ou verts au dos de vos dessins. Vous fixez un moment vos mains étoilées, posées sur l'original chapeau plat de votre guide.

Vos mains étoilées.

Bon sang. Mais c'est bien sûr ! Vous ne pouvez pas faire grand chose pour le peintre cependant vous pouvez devenir - l'espace de quelques secondes - l'ombre de Madame Lidden. Vous décollez trois étoiles argentées de votre main gauche et les transférez - avec application - sur le chapeau de Claude. Là. C'est parfait.

Satisfaite, vous placez sa drôle de coiffe sur ses genoux.
« Je connais une personne qui aime évaluer les dessins, lorsqu'elle pense qu'ils sont bien faits elle nous donne des petits ronds verts. Si quelqu'un reçoit trois ronds verts pour son dessin, il a bien travaillé ». Le peintre ne souffle mot. Vous croyez discerner sur son visage une once de curiosité à propos de votre fameux système d'évaluation à gommettes. « Si les ronds verts sont la validation d'un bon travail, que peuvent bien signifier les étoiles ? ». Un enthousiasme nouveau semble vous habiter - comme toujours - lorsqu'il est fait mention d'étoiles. « Les étoiles se situent si haut dans le ciel. Elles signifient forcément que vous avez très très très bien travaillé ! ». Le rire - d'abord - à peine perceptible de Claude, s'altère soudain en esclaffades tonitruantes. Celles-ci - cependant - s'éteignent assez doucement pour que vous vous remettiez de votre surprise. « Merci pour vos étoiles, Anna. Elles sont... Spéciales, un peu comme vous l'êtes.  Je n'en n'ai jamais vu de pareil ». Il dessine de ses doigts les contours des dites étoiles, frôlant ainsi le tissu de son chapeau. « De rien ».          

Un silence confortable s’immisce dans votre échange. Claude soupir d'aise, puis dépose sa coiffe - customisée par vos soins - sur le haut de sa tignasse. « Bien. Et si nous reprenions la route ? ». Vous étirez vos jambes engourdies. « D'accord ». Le peintre se lève et s'apprête à vous offrir l'une de ses mains afin que vous le suiviez dans son mouvement, lorsqu'un fort mal de tête vous prend. Vous fermez vos yeux. Un froid glacial s'empare de votre corps et l'immobilise.




Si vous n'entendez plus la voix de Claude, vous entendez de nouveau les bruits - familiers - de la circulation Londonienne. Vos yeux s'ouvrent et vous vous découvrez assise sur un banc, sous un arrêt de bus. Même si vous avez vos doutes, vous pensez avoir déjà vu cette rue et les maisons qui bordent ses côtés. Ce qui est une bonne chose, c'est toujours mieux que de ne plus rien reconnaître du tout. Quoi qu'on en dise.

Vous resserrez votre manteau d'hiver sur vous-même et  - ce faisant -, dévoilez une poche intérieure oubliée. C'est votre papa - Shaun - qui avait insisté pour l'emplir de plusieurs choses utiles en cas d'urgence. Votre maman quant à elle, avait voulu l'emplir de plus de choses encore. Beaucoup trop de choses. Elle s'était finalement plainte de l'étroitesse et du peu de profondeur de celle-ci.

Son contenant est plutôt simple. Un carnet dans lequel sont soulignés les numéros de téléphone de vos proches - vos  parents, papy et grand-maman -, une barre de céréales, quelques pièces de monnaie et un billet de 5 pounds. Le peu de possessions que vous savez - à présent - avoir sur vous, vous rassure légèrement. Vous déballez votre barre de céréales, et grignotez un morceau.  

Papa et vous, avez déjà discuté de la possibilité que vous vous trouviez un jour perdue dans Londres. la première chose à faire est de glaner un maximum d'informations sur votre localisation pour que papa, maman, papy ou grand-maman puisse venir vous chercher au bon endroit. Votre regard - jusqu'à présent accroché à vos affaires - s'étend aux alentours. En face de votre arrêt de bus, une laverie automatique est bondée de clients. Le bus qui s'arrête toutes les 10 minutes à cette station, porte le numéro 272. Il y'a aussi une grande place - probablement un parking - à votre droite, une cabine téléphonique se situe quelques mètres plus loin. Vous espérez que ces détails seront suffisants.

Vous ne savez pas encore lire parfaitement malgré votre curiosité dévorante et vos idées autodidactes, mais vous vous débrouillez bien avec les chiffres. La prochaine étape vous parait évidente - en théorie -, vous allez devoir rejoindre la cabine téléphonique et composer le numéro de papy Wilf. Un soupir s'échappe d'entre vos lèvres, vous avez la curieuse impression que cette journée ne finira jamais.

C'est avec ce qui vous reste de courage et d’énergie que vous vous motivez à vous relevez et à parcourir la distance entre l'arrêt de bus et la cabine téléphonique. Une fois face à sa porte, vous l'ouvrez - non sans mal - et vous enfilez à l'intérieur. Vous avez beau vous mettre sur la pointe des pieds, atteindre le combiné se révèle être un exercice plus compliqué encore que prévu.

La cabine est bien composée d'un siège - du même acabit que ceux des photomatons -, cependant il est trop haut pour vous et ne semble pas très fiable. Vous vous essayez à l'escalade et manquez de tomber, deux bras inconnus vous évitent une dégringolade et vous installent sur le siège. Votre capuche et vos cheveux sont plaqués sur votre visage, les seuls éléments perceptibles pendant les quelques minutes suivantes sont le bois rouge - caractéristique des cabines Londoniennes - et la pâle lumière du dehors. Quelqu'un vous déleste brièvement de votre carnet.
« Voyons voir... Papy, dont le numéro est... 07720432264 ». Les chiffres sont composés en même temps qu'ils sont prononcés - très rapidement -, on vous donne le combiné dans une main et place votre carnet dans l'autre. « Ça sonne ! ». Vous entendez la porte de la cabine se rabattre sur votre mystérieux sauveur. Lorsque vous vous débarrassez de votre capuche, il s'est déjà évanoui dans la nature.

« Allo ? Allo, il y'a quelqu'un ? ». La voix provenant du combiné vous ramène à votre situation précaire. Vous collez - urgemment - le téléphone à votre oreille. « Papy ? Papy, c'est moi Anna ». Vous sentez les larmes vous monter aux yeux. « Oh mon dieu, Anna ! Où es-tu ? ».

Sans parvenir à dissimuler votre émotion, vous rapportez tout ce que vous avez pu remarquer concernant la rue où vous êtes apparue. « Tout va bien ma chérie. Grand-maman et moi, on arrive au plus vite. Ne bouges surtout pas, restes dans la cabine ». Vos doigts se contractent sur le combiné. « Papy, s'il te plait. Ne raccroches pas ». Vous percevez la voix lointaine de Sylvia, des bruits de clés, des pas de course. « Je ne raccroche pas. C'est promis ».

La suite n'est pas - à proprement parler - une conversation, seulement la transmission d'une agitation ambiante à l'autre bout du fil. Papy donne certaines indications à grand-maman qui est au volant. Vous commencez à piquer du nez dans la cabine. « Anna, nous t'avons enfin repéré. J'arrive ». Une voiture se stationne devant la cabine téléphonique, et vous voyez votre papy sortir du côté passager. Une fois à votre hauteur, il pousse la porte rouge et vous vous jetez dans ses bras. « Ça y'est. Là. C'est fini, Anna. On rentre à la maison ». Wilf sort de votre abri tout en vous berçant légèrement. Exténuée, vous avez posé la tête sur son épaule. Grand-maman est également sortie de l'habitacle et aide papy à vous placer à l'arrière du véhicule. Juste avant de refermer la portière, grand-maman remarque la fleur rouge coincée dans l'encolure de votre pull. « Qu'est-ce que c'est, Anna ? ». Vous ne vouliez pas la perdre, c'est le seul endroit qui vous soit venu à l'esprit lors de votre retour dans le Londres connu. « Une hemerocallis, c'est un cadeau de Claude ». Vous percevez bien l'expression intriguée de votre grand-mère, cependant vous n'avez plus la force de lutter contre Morphée.

Vous sombrez à demi. Dans vos rêves quelques bribes de conversations vous parviennent. « Une hemerocallis. Un lis d'un jour. Autrement dit, une fleur qui ne survit pas à l'hiver ». Votre cerveau est confus, vous ne savez pas qui de papy ou grand-maman vient de prononcer cette phrase. Le moteur du véhicule tourne, son ronronnement est un apaisement après vos épreuves. « Nous devons en parler à Donna. Sylvia ! Il s'agit de sa fille ». La voix est basse, votre tête dodeline sur le haut du siège. « Oui. Et Donna est la mienne ! Comment peux-tu considérer lui souffler un mot de cette histoire ? Tu sais très bien ce qu'elle risque ». La pluie s'écrase sur les vitres du véhicule. Papy soupir. Grand-maman met en marche les essuies-glaces. « Justement. Non, on ne sait pas. Le Docteur n'a pas laissé Donna sans protection. Il est tout à fait possible qu'elle soit apte à gérer ce genre d'aventures sans répercussion, à  la seule condition que nous taisions les siennes ». Une suite de virages condamne l'habitacle au silence. Un silence éphémère. « Ah ! Papa. Sincèrement 'Il est possible' ? Moi vivante, il nous faudra un peu plus que ça pour miser la vie de MA fille et de TA petite-fille ». La voiture est arrêtée, le tic-tac distinctif du clignotant bat la mesure. « Le monde est en train de changer. Les gens ne sont plus aussi dupes qu'avant, et savent très bien que les derniers événements étranges ne sont pas seulement le fruit d'hallucinations collectives... Tôt ou tard, Donna devra aussi se confronter à ce monde là ». Le moteur est éteint. Grand-maman et papy ouvrent leur portière respective. Quelqu'un fait de même avec votre porte, et se penche pour vous détacher. « [...] toi et Donna. Où est votre bonhomme et sa boîte bleue, lorsqu'on a besoin de lui ! Laisses, je vais prendre la petite avec moi. Ton dos n'y survivra pas. ». La seconde suivante, vous vous sentez comme flotter ailleurs. Le parfum de grand-maman emplit votre univers onirique, vous vous sentez bien. En sécurité. On vous dépose dans votre lit moelleux, et on vous borde. Tout s'assombrit autour de vous.

Un peu plus tard, vous êtes réveillée par des sanglots étouffés. Ce ne sont pas les vôtres. Quelqu'un pleure dans votre chambre. Vous ouvrez les yeux, il fait toujours noir. Vous ne tardez pas à comprendre que votre tête est enfouie sous les couvertures. Vous écartez les draps, votre vision met un certain temps avant de se réhabituer à la lumière du jour.

Vous frottez vos paupières. Au fond de la pièce votre maman et votre papa sont l'un à côté de l'autre, assis sur une banquette. Votre mère a le visage baigné de larmes. Votre père fait de son mieux pour la consoler.


« Maman ? Que se passe t'il ? ».

Votre voix vous est familière, cependant elle semble surprendre vos parents qui vous fixent désormais d'un regard perdu. Un éclat soudain se produit à l'entrée de votre chambre, le plateau que tenait grand-maman entre ses mains vient de lui échapper. Son service à thé - brisé - se trouve égayé sur le planché.
 
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez-moi ? Et qu'avez-vous fait de Anna ?! ».




Ce que l'on pense de l'anormalité, à 20 ans
「27」「Janvier」「2015」☆「Tombée de la nuit」

« Et ? C'est tout ce dont vous vous souvenez ? ». Le Lieutenant Forbes - de U.N.I.T - m'interrogeait depuis des heures maintenant. « Oui. Je me répète, mais c'est tout ce dont je me souviens ». Je n'avais rien à lui dire de plus, je venais d'effectuer un récit détaillé des 24 dernières heures vécues avant que l'on ne m'amène ici. Je ne jugeais pas nécessaire de lui rapporter la vive réaction de ma grand-mère qui, toutes griffes dehors - ou plutôt ongles manucurés - avait un instant souhaité me jeter à l'extérieur de sa maison. Papy Wilf était intervenu pour l'inciter au calme, et avait par la suite suggéré que nous contactions U.N.I.T.

« Mademoiselle Temple, nous avons besoin de savoir absolument tout ce qui a pu se produire afin de mieux comprendre votre situation... Exceptionnelle ». Le Lieutenant - tiré à quatre épingles - faisait tourner son stylo-bille entre ses doigts tout en relisant ses notes sur son ordinateur portable. « Vous dites que lors de l'un de vos voyages temporels, vous avez rencontré Claude Monet. A quelle époque situeriez-vous cette rencontre ? ». J'observais quelques secondes la vitre sans-teint sur ma gauche, j'étais curieuse de savoir qui pouvait bien décortiquer mes réactions à son opposé. « Je n'ai jamais affirmé qu'il s'agissait de Claude Monet. Tout ce que je sais, c'est qu'il s'appelait Claude et qu'il disait être un peintre Français qui admirait les œuvres de Turner ». Une lueur intéressée naquit soudain dans les prunelles de mon interlocuteur. « Mais vous savez qui est Claude Monet ? ».  Je le fixais - à mon tour - comme s'il venait de baver sur sa chemise. « Oui, bien sûr. C'est l'une des figures principales du mouvement Impressionniste ». Forbes croisa ses bras sur son torse et s'enfonça un peu plus dans son siège. « Et cette culture inattendue sur les mouvements artistiques vous vient de vos parents qui ont sans doute pris soin de vous bourrer le crâne avec ce genre de notions en vous traînant dans les musées avant vos 6 ans. Ou bien ? ». Mes parents n'étaient pas vraiment adeptes des visites culturelles. Incertaine, je haussais les épaules. « Ou bien ».  Je me doutais que j'exaspérais mon geôlier, ou du moins que mes réponses vaporeuses l'exaspéraient progressivement. Mais je n'y pouvais rien. « D'accord. Laissons de côté vos voyages temporels pour le moment... Que savez-vous à propos du Docteur ? ». Sa question - plutôt obscure - me laissa dubitative. « Quel docteur ? ». Je ne me souvenais pas avoir parlé de soucis médicaux jusqu'à présent. Le Lieutenant Forbes se redressa lentement pour quitter le dossier de sa chaise et se lever. « Il existe deux réponses à votre situation. Soit, vous êtes véritablement Anna Temple et avez vieilli d'environ 15 années en une nuit, cela tout en recevant une éducation scolaire irréprochable... Si l'on en juge par vos tests d'histoire, de géographie, de langues et d'arithmétique. Soit vous vous faites passer pour Anna Temple et vous venez d'enlever à ses parents une petite fille pour attirer l'attention du Docteur ». Forbes commençait à me donner la migraine. « Ecoutez, je ne sais même pas de qui vous parlez. D'ailleurs ça ne m'intéresse pas. Je suis venue ici de mon plein grès afin d'obtenir des réponses sur ce que je vis actuellement ». Le ton de l'homme se fit un peu plus désinvolte. « Vous pourriez très bien être un alien métamorphe, légèrement psychopathe sur les bords et kidnappeur d'enfant. Auquel cas nous pourrions peut-être trouver un arrangement, si vous acceptiez de nous rendre la petite saine et sauve ». Un 'alien métamorphe' ? Me sachant observée, j'hésitais à demander à ce que l'on m'envoie quelqu'un d'autre. Je savais bien que mon histoire n'était pas plus crédible que son hypothèse cependant, une autre raison me poussait à remettre en question la santé mentale de Forbes. « Vous proposeriez un arrangement à un alien psychopathe et kidnappeur ? ». Il passa une main dans ses cheveux inconsciemment, avant de jeter un regard lourd de sens vers sa droite - ou vers la vitre teintée -. « Si cela peut nous permettre d'éviter un conflit avec une autre espèce que la notre. Pourquoi pas. Intéressée ? ». Je secouais la tête en signe de négation, fatiguée et frissonnante dans ma robe d’hôpital.  « Non merci. Quoi qu'il en soit, vous êtes plus souples que vous en avez l'air ». Je faisais référence aux armes que certains individus revêtaient lors de mon arrivée. « Nous sommes précautionneux. Et la majorité d'entre-nous sont des agents de terrain, des militaires. Alors, qu'est-ce que vous êtes ? Sloathe, Solonian, Zygon ou une espèce évoluée de Laluni ? ». Je levais les yeux au ciel. Comment pouvais-je me faire comprendre définitivement. « Je suis humaine. Et je suis Anna Temple ». Le regard de Forbes cilla à peine. Il ne semblait pas le moins du monde ébranlé par ma déclaration pleine d'assurance. « Ou vous croyez être Anna Temple alors que vous ne l'êtes pas. Le cas s'est déjà présenté avec d'autres individus par le passé ». Il faisait toujours tourner son stylo entre ses doigts, pendant qu'il s'obstinait à converser - presque - tout seul.

Un flash me vint subitement à l'esprit... Je voyais le Lieutenant Forbes arrêter son stylo - lequel roulait au sol - sous sa chaussure et se pencher pour le ramasser. Une fois, deux fois. Le phénomène se reproduisait en boucle et se superposait aux événements présents. « Les réponses se trouvent dans votre ADN. Nous ne devrions pas tarder à savoir qui vous êtes et ce que vous êtes. Alors 'Anna', vous et moi pouvons désormais nous contenter d'attendre en silence vos résultats d'analyses ». Je repliais mon corps sur lui même. Me massais les tempes dans l'espoir de faire s'estomper cette vision redondante. « Le silence serait une véritable bénédiction. Je ne suis pas certaine que votre générosité puisse s'étendre jusque là, cela-dit ». Le stylo lui échappa des doigts, pour finir sa course parterre. Il décrivit un large cercle avant de se trouver coincé sous la botte de Forbes. Une fois l'objet récupéré, il se tourna vers moi, la mine intriguée. « Vous souffrez ? ». Le bouclage successif de l'action - qu'il venait tout juste de compléter - avait disparu. Je me sentais bien, et je m’empressais de le lui dire. « Non... Ça va. Je suis juste un peu sensible à la lumière des lampes ici ». Peu convaincu, il vint se rasseoir en face de ses notes. Mon cerveau nageait dans le doute et le brouhaha de mes interrogations intérieures. Que venait-il de se passer ? Peut-être que le Lieutenant de U.N.I.T avait raison sur mon compte, finalement.

Un haut-parleur - soigneusement dissimulé dans la pièce - émit un son statique. Puis une voix féminine s'adressa directement à Forbes. « Lieutenant Forbes, les parents de Anna sont là. La mère veut absolument discuter avec sa fille ». Forbes dissimula un bâillement derrière l'une de ses mains. « Dites-leur qu'elle est toujours en cours d'examens médicaux, et qu'elle ne peut pas leur parler ». Outrée, je le regardais débiter son mensonge. « Le problème... C'est que je ne peux pas leur dire ce que vous venez d'inventer... Madame Temple est... Dans la pièce avec moi, et... Lâchez mon bras, Madame Temple ! ». La voix de la femme était beaucoup moins posée que lors de la précédente annonce. Son discours haché laissait à supposer que ma mère avait décidé de lui donner du fil à retordre. Un sourire creusa mes fossettes à cette pensée. « Madame Temple inutile de [...] ». Un bruit mat traversa la pièce, comme si le système de transmission avait cogné quelque chose. Je posais mes mains sur les accoudoirs de mon siège, et adoptais une posture attentive. « Merci infiniment, MA-RY. J'aimerais entendre la voix de ma fille, maintenant ! Cela fait des heures que vous la transférer d'une pièce à une autre, sans même prendre la peine de nous informer de son état. NOUS, ses PARENTS ». Le Lieutenant Forbes ne s'émut pas tellement de sa réaction enflammée, à dire vrai je commençais à soupçonner l'homme d'être fait de pierre. Il cachait si bien ses sentiments que s'en était effrayant. « Madame Temple, vous devez comprendre que nous ne savons toujours pas si votre fille est bien votre fille. Il pourrait s'agir d'une parfaite inconnue. Aussi pour votre protection et celle de votre fam- [...] ». Forbes fut contraint de s'interrompre. « Je sais encore reconnaître ma fille lorsqu'elle est sous mes yeux. Qu'elle ait 5 ans ou 10 ans de plus, je m'en moque. Laissez-moi lui parler en privé ». La bouche de Forbes se crispa. Une expression désapprobatrice transparaissait légèrement sur ses traits. « En privé, c'est bien trop dangereux ». Je distinguais un écho sous la bande statique du transmetteur. Je l'identifiais rapidement comme un tic connu... Mon père faisait les cents pas à l'opposé de la vitre teintée. Il était présent, et la communication suivante confirma  cette idée. « On ne vous demande pas d'éteindre vos vidéos surveillances, vos transmetteurs et autres technologies. Seulement, ce serait  un geste aimable de votre part si vous acceptiez de quitter la pièce pour nous laisser - au moins - l'impression d'être seuls avec Anna ».  Un ange passa. Je retenais mon souffle. C'était à Forbes de décider, j'attendais son verdict. « Je vous donne 10 minutes, pas une de plus. Et vous restez où vous vous trouvez. Caporal Bloom, ne relâchez pas votre vigilance. Je reviens avec vos résultats d'analyses ». Sans perdre plus de temps, il sortit de la pièce son ordinateur portable sous le bras.

Je délaissais mon siège pour faire face à la vitre sans teint. « Anna, ma chérie. Est-ce que tu vas bien ? Est-ce qu'ils t'ont fait du mal ? ». C'était de nouveau la voix de ma mère. « Je vais bien. Ils ont été gentils. Passable en ce qui concerne Forbes, mais c'est compréhensible. Maman, je suis perdue. Et s'ils avaient raison... Et que je n'étais pas moi ». Mes yeux demeuraient fixés sur la surface plane de la vitre. « Anna, tu te souviens de nous. N'est-ce pas ? ». Une vague d'émotion menaçait - à tout moment - d'étouffer ses mots. « Évidemment que je me souviens de vous. C'est d'ailleurs l'une des seules choses dont je me souvienne. Ma famille ». Ma mère prit une grande inspiration. « C'est tout ce qui compte ». L'émotion me prenait à la gorge également. Je me frictionnais les avant-bras dans l'espoir de faire naître et perdurer un peu de chaleur. « Ils ne t'ont pas prêté autre chose pour te couvrir ? ». Cette fois-ci, il s'agissait de mon père. J'avais oublié - pendant un court instant - qu'ils pouvaient me voir et pas seulement m'entendre. « Je porte cette robe depuis mes analyses médicales. Je suis certaine que si j'avais demandé un pull, ils m'auraient laissé avoir celui que je portais à mon arrivée. Je n'y pensais plus ». Agité par l'incertitude, il ne tarda pas à me répondre. « Anna. Si tu le souhaite, on te sort d'ici. Pourquoi on ne pourrait pas te ramener chez-nous ? Tu n'as qu'un mot à dire ». Je ne pensais pas que l'organisation que représentait U.N.I.T me laisserait partir si facilement. Cependant, je gardais cette information pour moi. Je voulais rentrer chez-nous - peut-être autant, voire même plus que mes parents - mais pas sans réponses. « Que ferons-nous lorsque ça recommencera ? Je ne suis pas normale, papa. Je pourrais me réveiller demain et avoir 70 ans ! ». Un long silence accueillit ma réplique. « Non. Tu n'es pas normale, Anna... Tu es extraordinaire. Nous trouverons une solution ». Un demi-sourire sur les lèvres, je ne pouvais m'empêcher de songer qu'être 'extraordinaire' - dans ce cas-ci - était un bien piètre lot de consolation.

Le Lieutenant Forbes choisit ce moment pour faire son retour dans la salle. Il était accompagné d'une femme en blouse blanche. Je l'avais déjà rencontré auparavant - lors des examens -. Il s'adressa d'abord à mes parents.
« Bonne nouvelle. Votre fille est bien votre fille... Et, elle est humaine à 85 pourcents ». Il déposa son ordinateur portable sur la table, l'ouvrit pour me montrer ce que les analyses avaient relevé. « Que voulez-vous dire ? Anna serait à 85 pourcents humaine, qu'en est-il des 15 pourcents restants ? ». Je ne comprenais pas grand chose aux différents taux indiqués sur l'écran, aussi - levant mes yeux vers Forbes et son acolyte - je patientais pour obtenir de plus amples explications. « Le Sergent et médecin Taylor - qui a effectué les examens médicaux de votre fille - va vous rejoindre dans un instant. Il s'agit de la personne la plus apte à vous renseigner concernant Anna ». J'étais soufflée, et moi ? Quelqu'un allait-il - au moins - se donner la peine de m'expliquer. « J'ai encore quelques questions à poser à Anna ». Ni moi, ni mes parents n'eurent le temps de s'opposer à son jugement. « Caporal Bloom, coupez la communication avec la pièce. Sergent Taylor, je vous invite à aller retrouver Monsieur et Madame Temple ». La femme-médecin se plia à son ordre, comme l'avait fait le Caporal Bloom - il y'a dix secondes de cela -.

Plus méfiante que jamais, je prenais mes distances avec Forbes. « Pourquoi avoir demandé à ce que la communication soit coupée ? Ce que le Sergent Taylor s'apprête à annoncer à mes parents me concerne au premier plan ». Le Lieutenant de U.N.I.T expira bruyamment. « Ce que Taylor se prépare à dire n'est qu'une demie-vérité. Je vais vous dire de quoi il en retourne, sans ambages... Anna, nous ne savons pas ce que sont ces 15 autres pourcents. Tout ce dont nous sommes certains, c'est que votre sang et votre organisme contient des composants que nous retrouvons parfois proche de failles temporelles  ». Étourdie, je m'appuyais faiblement sur l'un des bords de la table. « Qu'est-ce que ça veut dire ? Comment puis-je être autre chose qu'humaine ? ». L'homme m'encouragea à me rasseoir d'un geste de la main. Je suivais sa recommandation avec appréhension. « Vous êtes humaine. Il nous est déjà arrivé de croiser des cas humains, lesquels présentaient des micro-changements dans leur ADN provoqués par la proximité quasi constante d'une faille temporelle. Ces personnes étaient très jeunes, en pleine croissance. Et ces failles se situaient proche de leur lieu de vie ». J'étais suspendue à ses lèvres. « Nous pensons que votre situation est similaire à la leur. Votre environnement a entraîné d'important changements chez-vous. C'est mot pour mot, ce que le Sergent Taylor est en train de rapporter à vos parents. Ce qu'elle ne leur dira pas - par contre -, c'est que l’accoutumance aux failles temporelles n'est pas la seule cause justifiant votre état  ».

Le regard dans le vague, je tentais de digérer tout ce que Forbes venait de m'apprendre. « Il existe une autre cause ? ». Quoi que cette cause fut, U.N.I.T avait décidé nécessaire de la dissimuler à mon père et ma mère. Ce qui ne me disait rien qui vaille. « Oui. Une cause - plus ou moins - héréditaire. Nous disposons d'archives sur les voyageurs spatio-temporels. Votre mère a fait parti de ces voyageurs... Avant votre naissance, elle a eu l'occasion de faire usage du vortex temporel accompagnée d'un individu. Le Docteur ». Ma mère était quelqu'un de rationnelle - la plupart du temps -. Je me permettais de perturber son monologue un bref instant. « Êtes-vous certain que ces archives portent sur ma mère. Donna Noble ? Je ne voudrais pas vous froisser, mais elle est plutôt du genre à dénigrer tout ce qui peut ressembler à de la science-fiction ». Donna était bien la dernière à accorder une quelconque crédibilité à ceux qui croyaient aux choses impossibles ou improbables. Dans mes souvenirs - de petite fille âgée de 5 ans -, elle s'arrangeait même pour fuir ces personnes. « La rationalité est plutôt une bonne chose pour votre mère. Ce trait la protège. Et pour répondre à votre précédente question... Oui, nous sommes sûrs de nos informations. Donna Noble a voyagé un temps avec le Docteur. Lequel, n'est pas vraiment humain. Il fait parti d'une civilisa- [...]  ». Affolée, je l'interrompais de nouveau. « Attendez ! Vous ne seriez pas en train de suggérer que mon père n'est pas mon véritable père, et qu'un alien au pseudonyme douteux l'est ? ». Agacé par mes interventions intempestives, le Lieutenant Forbes me jeta un regard peu amène. « Bien sûr que non. Nos analyses démontrent que votre père est bien Shaun Temple, même si votre expression génétique cérébrale tend plus à ressembler à celle de votre mère. Si vous consentiez à me laisser finir, peut-être auriez-vous enfin le fin mot de l'histoire ». Il appuya sa remarque d'un silence incisif. « D'accord, j'ai compris. Je me tais et je vous écoute ». Je décroisais mes bras, et levais légèrement mes mains au niveau de mon visage en signe de reddition. « Merci. Je disais donc que le Docteur fait parti d'une civilisation beaucoup plus évoluée que la notre. Son ADN diffère de ceux des humains malgré une apparence similaire. C'est lors d'une aventure extrêmement dangereuse que l'ADN de votre mère a opéré une fusion avec l'ADN du Docteur... Ce phénomène a créé un individu adulte à part entière partageant les traits de caractère de Donna ainsi que ceux du Docteur. Un hybride, si vous préférez. Donna - quant à elle -, s'est retrouvée détentrice de la mémoire et du savoir du Docteur. C'était beaucoup trop pour un cerveau humain, et celui-ci menaçait de brûler... Pour empêcher que cela ne se produise - et que votre mère n'en meurt -, le Docteur a effacé sa mémoire. Les souvenirs de ses aventures avec lui, ce qu'elle a pu voir ou apprendre. Tout ça n'existe plus, et il est fortement déconseillé de lui en parler. On ignore ce que cela pourrait provoquer chez-elle ».

Ma mère avait voyagé dans le temps et l'espace, elle avait rencontré d'autres civilisations... Fait des choses incroyables. Et elle n'en savait rien. J'aurais tant aimé savoir ce qu'elle avait vécu, et en détails. Ce n'était sûrement pas Forbes qui allait pouvoir me le dire. Même s'il le savait, j'avais déjà compris que les indications qu'il venait de me lâcher n'étaient pas à la portée de tout le monde. Cela lui coûtait d'être le messager de telles données. « Donc, cet événement a pu altérer l'ADN de ma mère... Et par hérédité altérer le mien ». Forbes semblait plutôt indécis. Il se frotta la nuque un instant. « Altérer est un mot trop fort. Nous pensons plutôt que ce transfert entre votre mère et un seigneur du temps ainsi que les voyages effectués dans le vortex temporel, vous ont prédisposé à être plus sensible aux failles temporelles. Les failles temporelles sont à l'origine de votre aptitude étrange. Et, votre aptitude étrange est - sans doute - à l'origine de votre métamorphose ». J'avais l'impression de sentir le sol se mouvoir sous mes pieds. C'était beaucoup. Beaucoup de choses à prendre en compte d'un seul coup. « Est-ce que... Est-ce que je suis dangereuse pour ma mère ? Je suppose que ce dont je suis capable, pourrait lui faire se souvenir de choses dont elle ne devrait pas se souvenir ». L'homme se servit un verre d'eau, il avait parlé longuement. « Pour le moment, elle a l'air de tenir le choc. Il n'est pas exclu qu'elle réagisse à certains termes, d'où notre décision de lui en dire le moins possible ». Je n'étais plus vraiment certaine de vouloir rentrer avec mes parents. Tandis que Forbes buvait son verre d'eau avec flegme, je sentais naître en moi une peur sourde. Celle de provoquer involontairement chez ma mère, des réminiscences mortelles. « Anna, vous n'êtes pas obligée de suivre nos conseils... Mais nous préférerions que vous restiez séjourner brièvement au sein de notre structure. Cela nous permettrait de mieux comprendre scientifiquement ce qui vous arrive lorsque vous disparaissez pour une autre époque. Grâce aux résultats obtenus, nous pourrions construire un élément technologique lequel vous stabiliserait un minimum ». J'ignorais ce qu'il entendait par 'séjourner brièvement' cependant, mon être angoissée s'accrocha désespérément à l’échappatoire qu'il venait de me soumettre. « Vous avez raison... Je dois rester ». Songeur, Forbes se dirigea vers la vitre-teintée. Depuis les prémisses de mon interrogatoire, je le soupçonnais de disposer d'une oreillette microscopique ou invisible. Cette impression ne fit que se renforcer. « J'espère que vous possédez un argumentaire en béton armé, Anna. Car ce n'est pas U.N.I.T qui pourra convaincre votre père ou votre mère de vous laisser entre nos mains. Mais vous, et seulement vous ». Le plus difficile restait à venir, je le craignais.




Dernière édition par Anna Temple le 15.02.18 21:05, édité 9 fois
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MessageSujet: Re: Anna Temple - Anomalie Temporelle   Anna Temple - Anomalie Temporelle Empty11.02.18 22:55


HISTOIRE
“Anormal : ce qui est normal chez les anormaux.”





Être extraordinaire 「a」normale, à 23 ans
「02」「Février」「2018」☆「Matin」

Une sonnerie stridente retentit, brisant le calme confortable dans lequel baignait ma chambre couleur vert d'eau. Je visais - un peu - au hasard, frappant mollement sur la surface de ma table de chevet. Mon réveil finit par tomber à terre. La sonnerie aigu persistait. J'ouvrais deux yeux hagards, et me rapprochais - avec extrême lenteur - du bord de lit massif. Je tendais un bras vers la petite commode dissimulée dans l'encoignure de la pièce, et saisis mon smartphone. Le regard embué par le sommeil, je discernais la photo de mon père. Quelques secondes plus tard, je pouvais aussi lire l'heure affichée sur l'écran. Il était 5 heures du matin. N'importe qui d'autre aurait été alarmé, et penserait à un coup de fil de mauvais augure. Cependant, j'avais l'habitude. « Bonjour papa, tu vas bien ? ». Ma voix enrouée venait de massacrer - sans pitié - une syllabe et un mot. Ma phrase restait audible malgré tout. Un imperceptible flottement précéda la réplique de mon père. « Oh Anna, excuse-moi. Je t'ai encore contacté à une heure impossible ». Shaun Temple était consultant en cybernétique pour l'Armée Britannique. Lui et son cerveau pouvaient être appelés à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, surtout lorsque la sécurité informatique de l'Armée subissait des attaques frontales. Mon père et d'autres personnes luttaient également contre le cyber-terrorisme, lequel était - malheureusement - de plus en plus présent. Toutes ces raisons expliquaient pourquoi mon père oubliait - souvent - de regarder sa montre avant de se décider à m'appeler.

Je m'attendais à tout, sauf à connaitre un réveil calme aujourd'hui. Autant rassurer mon père. « Ce n'est pas grave, je devais me lever plus tôt ce matin. Un collectionneur a pris la décision de léguer à Madame McNaughtan un exemplaire inédit de Summer Falls and Others Stories. Elle est excitée comme une puce depuis qu'elle a réussi à conclure cette affaire la semaine passée ». Eléanor McNaughtan était la gérante et propriétaire d'une galerie proposant œuvres d'art, antiquités et livres rares. C'était une charmante dame de 82 ans, passionnée par son métier d'antiquaire. Elle était veuve depuis 4 ans, et avait hérité d'une bonne partie des biens que possédait feu son époux. Dont cette boutique implantée - un peu plus récemment que les autres - dans le Nord de Londres.

Madame McNaughtan et moi, nous étions rencontrées lors d'un entretien d'embauche. Elle m'avait engagé comme aide-boutique pour les weekend et jours fériés. Quelqu'un lui avait appris - un peu plus tard - que je recherchais un logement abordable proche de l'UCL, Eléanor s'était alors empressée de me présenter son studio - fraîchement rénové - au dessus de la galerie.
« Je peux te rappeler plus tard, si tu préfères ». Je quittais mon lit, et débutais ma routine matinale. Je saisissais des vêtements décontractés dans ma penderie, pour les apporter dans la salle de bain. « Non, ne t'inquiètes pas. Je suis contente de t'entendre. Et puis, je suppose que maman va - très bientôt - m'appeler et prendre ta place de toute façon ». Je plaisantais à demi. Si U.N.I.T m'avait fait don d'un implant sous-cutané - défaillant à ses heures -, je soupçonnais mes parents de souhaiter savoir greffé à l'une de mes mains un moyen de communication instantanée. Il ne se passait pas une journée sans que je ne reçoive un appel de l'un des membres de ma famille. Ma décision de les maintenir aliénés - physiquement - y était sans doute pour beaucoup.

Mon séjour à U.N.I.T avait duré - environ - sept mois. Là-bas, je n'étais ni prisonnière, ni considérée comme quelqu'un en cours d'hospitalisation. Cependant mon 'lourd traitement' m'empêchait de résider auprès de mes proches. Une excuse incontournable. Ou presque. Depuis deux ans, Forbes et son équipe s'étaient mis d'accord pour me pousser hors du nid - ou de la Tour de Londres - et m'encourageaient à développer une vie 'normale'. Ce nouveau paternalisme émanant principalement du Lieutenant, cachait - à mon avis - une expérience visant à évaluer l'efficacité de leur bijou technologique enraciné sous mon épiderme.
« Justement. Nous nous disions avec ta mère que ce serait une bonne idée d'aller déjeuner quelque part ensemble, la semaine prochaine. Qu'en penses-tu ? ». J'hésitais un court instant. Tiraillée entre l'envie de passer du temps avec eux, et la peur de disparaître - littéralement - sous leur nez pendant notre entrevue. Cette angoisse - bien connue - me donnait déjà des boutons lorsque je l'imaginais se réaliser devant des inconnus... Qu'elle puisse devenir réelle en présence de ma mère, était mon cauchemar le plus redouté. « Oui, bien sûr. Faisons ça, jeudi ou vendredi prochain ». Je ne proposais pas ces jours au hasard, ma mère et sa structure - une agence organisatrice de mariage - recevait généralement plus de demandes en fin de semaine. Le déjeuner avait - ainsi - bien des chances d'être écourté. « D'accord. Je passe le mot à ta mère. Courage, et bonne journée Anna ». Je m'étirais légèrement avant de lui répondre. « Merci. Passe une bonne... Nuit, je suppose ». Le rire aérien de mon père me parvint aussitôt. « On ne peut plus vrai ! ». Un demi-sourire bienveillant se figea sur mes traits. « Repose-toi bien, papa ». Je raccrochais sur ces mots, et en profitais pour mettre mon smartphone en charge. J'empruntais les escaliers en colimaçon pour descendre au rez de chaussée, et atteindre la cuisine. Je sortais une tasse sur le plan de travail, avant de mettre en marche la cafetière.

J'entretenais une certaine distance avec ma famille, et pas seulement avec ma mère. D'une part, parce qu'ils m'avait enterré il y'a maintenant trois ans. D'autre part, car je m'étais découverte une timidité grandissante en leur compagnie. J'ignorais comment - bien - faire la conversation avec eux, malgré mon envie d'échanger.

Lorsque je dis que mes parents m'ont enterré, je devrais plutôt préciser qu'ils ont enterré un cercueil vide. Il n'en demeure pas moins qu'une pierre tombale porte mon nom et ma date de naissance, dans l'une des allées du cimetière de Chiswick.

Anna Temple-Noble, 5 ans, était décédée dans un accident de la circulation le 27 janvier 2015. Pour le voisinage, les amis proches ou lointains de la famille... Je n'étais que 'Anna'. Une cousine éloignée à l'identité nébuleuse. Ce n'est pas moi qui allais m'en plaindre. La situation me servait de première excuse. Après tout, pourquoi mes parents hébergerait-il une jeune adulte - quasi inconnue - sous leur toit ? Ça ne faisait pas de sens, les voisines et amies de Donna - extrêmement bavardes - parleraient et s'interrogeraient forcément. Chose que je m'appliquais à rappeler à ma mère, lorsqu'elle insistait pour que je reste un peu trop longtemps chez-eux. Ma seconde excuse, impliqué la batterie de tests que U.N.I.T se faisait un devoir de me faire passer une fois par mois. Car n'imaginez pas une telle organisation, lâcher librement dans la nature un voyageur temporel partiellement incontrôlé et incontrôlable. Ainsi, je devais retourner 'au nid' régulièrement. Cette régularité était synonyme de proximité avec la Tour de Londres, et - par conséquent - synonyme d'écart géographique avec ma famille.   
Même si je n'étais pas toujours d'accord avec la façon dont me traitait Forbes, j'étais reconnaissante envers U.N.I.T. La structure m'avait permis d'acquérir de nouveaux papiers d'identité, mentionnant une date de naissance crédible et une filiation classée sous X. Malgré tout, j'avais souhaité conserver mes vraies prénoms et le nom de mon père. En optant pour un pseudonyme, j'aurais eu la désagréable impression de renier - plus encore - mes parents. Ce n'est pas ce que je désirais.

Je devais - aussi et surtout - à U.N.I.T la technologie qui faisait corps avec moi. Parfois capricieuse, elle me maintenait - la plupart du temps - à l'intérieur de ma ligne temporelle. Cet achèvement scientifique non négligeable pour l'organisation, était également la clé d'un précieux confort pour moi.

Je versais mon café avec un automatisme étudié. Je pouvais prendre mon temps, la galerie n'ouvrait pas avant huit heures. Une fois mon frugal petit-déjeuné bu, je montais à l'étage afin de prendre une douche et me préparer. Je m'apprêtais à redescendre les escaliers, pour m'installer - un bouquin à la main - dans le salon bleu - au mobilier éclectique -, lorsque l'on frappa à la porte d'entrée. J'allais pour ouvrir, ce devait être l'exaltante Eléanor.


« Papy ? ». Sur le seuil de l'appartement se trouvait Wilf, mon arrière-grand-père. Pour mieux dissimuler ma surprise, je m'essayais à l'humour zélé. « Serais-tu - enfin - enclin à céder aux avances de Eléanor ? ». Wilfred arborait une expression indignée. « Ce dragon et moi ? Jamais ! ». Amusée, je m'empêchais de répliquer qu'il avait su vivre avec deux dragons - en les personnes de ma mère et ma grand-mère -, et l'invitais à entrer. « Viens. Entres. Thé ou café ? ». Cela faisait des mois que Wilf subissait les remarques - peu subtiles - de Madame McNaughtan. Eléanor était une femme imprévisible, elle faisait du gringue à bien des hommes et savait flirter comme personne. Cependant, les affaires d'argent étaient indépendantes de celles du cœur pour ce phénomène haut en couleur. Elle était devenue un dragon pour Wilfred, le jour où elle avait refusé son offre d'achat pour une lunette astronomique en cuivre datant du XIXe siècle.

« Thé, s'il te plait. Je ne suis que de passage... Un tournoi de bridge m'attend ». Je le précédais dans la cuisine. Un tournoi de bridge à 7 heures ? Voila qui était original. Je plaçais la théière sur le feu, et m'asseyais à ses côtés. « Timothy sera des tiens ? ». Je lui présentais quelques biscuits natures. « Et Howard ! La fine équipe, en somme ». J’acquiesçais silencieusement, le bruit de l'eau bouillant dans son récipient fut - pendant un instant - le seul élément ambiant dans la pièce. Je sentais ma réserve augmenter et mes doutes m'assaillir. A bien des occasions, j'avais eu une impression étrange en sa présence. Je savais que mon arrière-grand-père souhaitait se confier à moi. A propos de quoi... Aucune idée. De mon côté, j'aurais beaucoup aimé lui poser des questions.

Au sujet de U.N.I.T, par exemple. Comment avait-il eu connaissance de leur existence ? Que savait-il des aventures spatio-temporelles de maman ? Toutes ces interrogations demeuraient comme bloquées dans le fond de ma gorge. Je n'osais pas. Pas plus qu'il n'osait dire un mot sur les événements étranges, lesquels avaient frappé sa famille.

« Tout va bien à ton travail ? Tu arrives à jongler entre tes tâches à la galerie et tes études à l'université ? ». Je retirais la théière du feu, et laissais le thé infuser sur la table. « Ça va plutôt bien. Mon travail à la galerie n'est pas si prenant. Je ne suis qu'une aide ». Je passais inaperçue à UCL, pour mon plus grand bonheur. Je n'étais ni une cancre, ni une excellente élève. Mes résultats étaient moyens, et j’espérais qu'ils ne fluctueraient pas. Je connaissais la 'normalité' dans ce domaine-ci, au moins.

« Mon arrière-petite-fille ne peut être que d'une aide précieuse ». Je me laissais aller à un simple geste d'affection, et posais ma main sur celle de Wilf. Un appel sur mon smartphone vint abréger la sérénité du moment. Je décrochais sans prendre le temps de lire le nom de l'appelant.

« Oui, allo ? ». J’agrippais la théière par son anse, et versais le thé dans la tasse de Wilf. « Anna, c'est Eléanor.  Je ne te réveille pas, au moins ? ». Je déposais la théière dans l'évier. « Non, pas du tout. Que se passe t'il, un soucis ? ». Je commençais à enrouler - maladroitement - mon écharpe autour de mon cou, pressentant la situation particulière dans laquelle se trouvait Madame McNaughtan. « Rien d'alarmant. Cependant, le collectionneur est apparu plus tôt que prévu. D'autres personnes sont également là, et semblent vouloir acquérir immédiatement l'exemplaire de Summer Falls and Others Stories. Mon virement pour son achat ne sera pas accepté par la banque avant lundi. Par conséquent le détenteur légal de cet exemplaire inédit est toujours Monsieur Hermann... J'ai bien peur qu'il ne fléchisse devant la proposition alléchante de ces troubles-fêtes. Anna, je ne peux pas m'occuper des autres clients en ces circonstances. Accepterais-tu de venir plus tôt, aujourd'hui ? ». Compréhensive, je revêtais mon blouson et tentais d'apaiser Eléanor. « J'arrive tout de suite ». J'eus le temps de percevoir ses multiples merci à l'autre bout du fil, avant qu'elle ne raccroche.

Je libérais mes long cheveux pris sous mon blouson en cuir, puis attrapais mon sac dans un geste malhabile. « Je dois y aller, papy. Une urgence à la galerie ». Wilf m'observait de côté, tout en sirotant son thé. « Je te laisses ma clé. N'oublie pas de la glisser sous le tapis à l'entrée lorsque tu souhaiteras partir. Bon bridge ! ». J'avais déjà claqué la porte, lorsque j'entendis la voix étouffée de Wilf à son opposé. « J'espère qu'elle pense te payer ces heures supplémentaires, Anna ! ».




Comme attendu, McNaughtan's Bookshop était ouvert. Le hall d'entrée était anormalement encombré de monde. Je m’avançais à l'intérieur discrètement. Madame McNaughtan était en pleine discussion animée avec un homme plutôt élancé et maigrichon - celui que je supposais être - Monsieur Hermann et deux autres personnes. Leurs visages ne m'étaient pas inconnus. Je pensais les avoir déjà croisé dans l'antre-même de la Tour de Londres...

Je pensais pouvoir rejoindre le comptoir sans faire de vagues, lorsque ma gaucherie légendaire se rappela à moi. Le contenu de ma besace s'étala au sol. Encore une fois, je m'étais sur-estimée question délicatesse. Chaque personne présente avait désormais les yeux rivés sur moi. Je rassemblais mes affaires, embarrassée et tendais - néanmoins - une oreille intriguée. La conversation agitée que menait Eléanor semblait vouloir se poursuivre.


« Monsieur Hermann, vous ne pouvez tout simplement pas me refuser ce bouquin après me l'avoir accordé. Voyons ! ». L'homme - à la minceur inquiétante - secouait la tête de gauche à droite avec contrition. « Eléanor, je suis navré. Mais nous n'avons scellé aucun contrat écrit, et l'argent ne m'est pas encore parvenue. Dans ces conditions, je suis libre d'accepter une autre offre. Et celle de ces messieurs-dames... Enfin, Eléanor ! Si vous étiez à ma place, vous seriez la première à la saisir ». C'était bien la première fois que je voyais la réputation de redoutable négociatrice de Madame McNaughtan, lui desservir. « Je vous préviens. Si vous cédez... Je refuse de faire affaire avec vous à l'avenir ». Monsieur Hermann lâcha un soupir. « Et bien. Ma foi, tant pis ! Messieurs-dames, si vous voulez bien me suivre... Allons discuter dans un endroit plus approprié ».

Monsieur Hermann, une mallette à la main - renfermant le fameux livre - passa devant moi sans se retourner. Plusieurs personnes quittèrent la boutique à sa suite, dont ses deux mystérieux nouveaux acheteurs. Je rejoignais - presque immédiatement - Madame McNaughtan et son amertume. « Oh ! Qu'il ne compte surtout pas remettre les pieds ici, un jour ». Confuse, je murmurais. « Je ne comprend pas bien, vous aviez pourtant son accord ». Madame McNaughtan s’épousseta comme pour se débarrasser de sa colère. « Oui. Son accord verbal... Mais quelle vieille cruche, je fais. Cela m'apprendra à donner ma confiance à n'importe qui ». J'appliquais brièvement une main sur l'épaule d'Eléanor. « Ce n'est pas de votre faute ».

Madame McNaughtan hocha faiblement la tête, avant de s’éclipser dans l'arrière boutique. Je me postais derrière le comptoir, et en profitais pour effectuer une rapide recherche en ligne sur Summer Falls. Il s'agissait d'un bouquin pour enfant - ça je le savais déjà - écrit par Amelia Williams. Une auteur, que je ne connaissais que de nom. Qu'est-ce que U.N.I.T ferrait de contes fantastiques pour enfants ? Je ne voulais pas enfoncer le couteau dans la plaie, mais la curiosité me poussait à interpeller Madame McNaughtan - laquelle triait à présent des opuscules sur les étagères -. « Eléanor. Cette version inédite de Summer Falls, vous avez eu la possibilité d'y jeter un œil ? ». Elle se détourna de son classement, et m'adressa un sourire espiègle. « J'ai fais mieux. J'ai lu son contenu inédit... Il ne s'agissait que de quelques pages. Un autre conte à propos d'un bonhomme voyageant dans une boite bleue. Un docteur ».

Les mots - troubles - de ma grand-mère me revinrent en mémoire : 'Où est votre bonhomme et sa boîte bleue, lorsqu'on a besoin de lui !'. Avec eux, le doux bruit de la pluie s'écrasant sur les vitres du véhicule, et la senteur marquée du lis. Je me saisissais d'un ancien opuscule, et entreprenais d'aider Eléanor dans son classement infernal.

« Un jour normal, chez les anormaux ». Je marmonnais pour moi-même.


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MessageSujet: Re: Anna Temple - Anomalie Temporelle   Anna Temple - Anomalie Temporelle Empty21.02.18 12:01



Félicitations !

Désolé du retard  Anna Temple - Anomalie Temporelle 904942532  Anna Temple - Anomalie Temporelle 904942532
En plus ça se lit tout seul et c'est tout choupi, et puis t'écris le reste de la famille tellement bien  Anna Temple - Anomalie Temporelle 2363729501


_______________

Bravo ! Ta fiche correspond à nos attentes, elle est par conséquent validée ! Bienvenue parmi nous Anna Temple - Anomalie Temporelle 2446766212 et bonne chance chez les Humans Anna Temple - Anomalie Temporelle 1827832228

Maintenant que ça c'est fait, il te reste un tout petit peu de choses à faire encore, avant de vraiment pouvoir prendre ton pied avec nous, il faut aller recenser ton avatar, si ton message disparaît c'est que l'avatar a été ajouté au bottin !  Anna Temple - Anomalie Temporelle 2672803364 Tu peux d'ores et déjà aller poster ta fiche de liens et même une chronologie si le cœur t'en dit et tu peux même demander à avoir un journal intime comme River Song !

Ensuite, il faudra recenser ton personnage si nécessaire, et si jamais t'aimerai avoir un petit chez toi dans Londres, ou un autre lieu important pour toi et ton personnage, il faut aller le demander par là.

Et si plus tard tu cherches quelque chose en particulier, mais sans trop entrer en détail, alors dirige-toi vers les pré-liens ! Ou au contraire, si tu as des idées bien précises et que tu aimerais créer un scénario, alors n'hésite pas, il n'y a aucune limite !

On te souhaite des tas de bons moments sur le forum!
Anna Temple - Anomalie Temporelle 1248932051 Anna Temple - Anomalie Temporelle 1248932051  

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MessageSujet: Re: Anna Temple - Anomalie Temporelle   Anna Temple - Anomalie Temporelle Empty21.02.18 17:58

Merci beaucoup ! Anna Temple - Anomalie Temporelle 1084092075  Pas de soucis, j'aurais pu attendre encore. Je sais qu'une fiche très longue, c'est parfois galère à valider. Heureuse de savoir qu'elle correspond aux attentes (malgré un perso un peu tiré par les cheveux).

Encore merci. Anna Temple - Anomalie Temporelle 1248932051
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MessageSujet: Re: Anna Temple - Anomalie Temporelle   Anna Temple - Anomalie Temporelle Empty

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