Spencer se déplace sensiblement pour s'interposer, devant Adam. Adam, lui, s'est tendu. Fi était inquiète, nerveuse, mais son attitude a totalement changée. Si ce n'était pour la pâleur de sa peau ou le voile autour d'elle, elle aurait pu paraître si sûre d'elle que ça en ferait froid dans le dos. Et moi? Originellement du côté de la machine, je me fraye un chemin au milieu de cette petite assemblée, dans ce petit espace, et me place en première ligne. Pas un mot ne sort de ma bouche durant les premières secondes. J'utilise ce temps-là pour observer notre vis à vis. Remarquer l'amusement dans son regard, mais également l'agacement, et cette pointe d'inquiétude. - What are you doint here? - That's it? No threats this time? - Il a l'air déçu, mais ce n'est qu'une déception de façade. - I know I'm not currently hurting your toyboy, but I did kill... a few people already. Haven't I?

Les cœurs s'accélèrent. Le sang pulse dans ma tête. Sa suffisance pèse plus lourd que ce train, mais au moins, nous avons des aveux. Il est responsable. Pourquoi? - Who the hell are you? - Demande Fi, inquisitrice. - Your own personal fate, my dear. - Dit-il dans un sourire glacial. Elle ne bouge pas d'un cil, mais je fais mine de me déplacer pour la sortir de son champ de tir. - Don't worry, I have no need of wasting any bullet on her. And I'm not here for you. - Il penche sensiblement la tête sur le côté et remarque Adam. - New toyboy I see. Are you going to break that one too? - Ok, enough. What are you doing here. - Nothing that concerns you, Professor. And now, if you'll excuse me, I'd better leave before the terminus.

Il pivote. Mon regard fuit dans le vide. La silhouette aux cheveux clairs m’apparaît à nouveau. Bang. La détonation est sourde. Proche. Il est toujours là. Cet homme sans visage. Sans existence. Seulement dans mes yeux. - Why the distinction? - Il se retourne, son arme toujours à la main. - Why distinguish her from us. - Good by, Professor. - She's your target. - Il reprend sa marche. - It won't work. - Lâché-je, dans un sourire. Oh, j'ai bien conscience des cadavres au-dessus de nos têtes, mais ils lui importent peu. Et le ton de ma voix, satisfait, lui est dirigé. - She will live. - Il s'immobilise. Il hésite. Il se retourne. - I shielded her against the particules. - Son visage se tend. - You couldn't plan on our presence. Well, too bad, we're here! - Sa patience piquée à vif, il voit rouge et revient en arrière avant de lever son arme vers Fi. - Fine then! - Sa respiration s'emporte. Mouvement de recul. Le coup part.

En plein front. Du sang partout. Un corps cristallisé de plus. C'est ce qui aurait dû arriver, mais la balle s'est arrêtée en plein vole. Suspendue en l'air, brûlante. Fi s'est liquéfiée sur place, mais elle est intacte. - Telekinesis... He said you could do that... - Who?! - Lâché-je, autoritaire, rattrapé de vitesse par la frustration de ne pas comprendre comment il en sait autant sur moi. - Why the Arm of Cazar knows so much about me? - Un regard malsain passe dans ses yeux et il baisse son arme. La balle chute au sol. Le son est aussi sec que le coup tiré. - Now, now. Wouldn't that be too easy for you? Hun? - Je serre les poings. - Have a nice death. - Souffle-t-il à notre attention avant que ses yeux ne deviennent totalement blancs. Mat. Du plastique?

Ses bras retombent. Sa bouche s'entrouvrent. Il me faut un instant pour comprendre, mais c'est l'instant de trop. Son apparence change. Les vêtements semblent fondre, absorbés par son corps. Son corps, d'ailleurs, se change en un genre de plastique similaire aux yeux. Un blanc/gris presque translucide. L'arme, elle, demeure. Seule chose réelle, au final. - A synth. He was never really here. - Bang. Le coup revient hanter mon esprit. Proche. Sourd. Il fait chaud. Humide? Rien n'a changé. Seulement l'homme qui n'en est plus un. Le corps synthétique qui reprend vie. Élancé, fort, armé. Il lève le bras. Il tire. Je dévie la balle qui va se loger dans une conduite. Une épaisse vapeur, brûlante, s'en extirpe dans un épais nuage. La balle n'était pas pour Fi cette fois. Elle était pour moi. De nouveaux coups de feu retentissent et je rentre ma tête dans mes épaules lorsque je les entends, surpris. C'est Fi, armée d'une petit pistolet, qui tire sur notre assaillant avec vigueur. Inutile, mais ça le ralentis et c'est déjà ça. Quelques secondes, c'est toujours utile.

Mes muscles sont tendus, prêts, mon regard fixé sur l'homme qui ne mérite rien de plus que ma haine et mon dégoût et qui se prendra un coup bien placé si l'occasion se présente pour ce qu'il a osé faire. Je n'attends que le bon moment, le moindre mouvement qu'il pourra faire à l'encontre de qui que ce soit dans cette pièce, pour m'activer et peut-être un peu me venger du même coup même si ce n'est assurément pas mon but premier. Plutôt de protéger les autres au mieux, surtout Adam que j'avais essayé de rassurer un peu plus tôt. Pour le moment j'écoute, patiemment, la discussion de l'homme et du Professeur, le terme 'toyboy' me faisant assurément arquer un sourcil. Il se croit amusant peut-être celui-là? Il se croit assurément en position de force à voir comme il n'hésite pas à nous tourner à tous le dos maintenant qu'il a été clair sur le fait que nous ne sommes pas du moindre intérêt pour lui, quelque chose avec ce train semblant l'être davantage. Son but était-il donc d'éteindre une partie de cette espèce? Sa cible était-elle réellement Fi comment sembla le faire remarquer le Professeur? Après tout, elle était la seule qui ne se trouvait pas dans les quartiers des employés avec les autres. Pourquoi ne pas simplement la tuer avec son arme alors? Pourquoi le Professeur le provoque-t-il ains? A-t-il perdu la tête? Nous savons tous qu'il n'est pas au mieux de sa force, Fi est affaiblie, Adam n'est pas un combattant... nous ne sommes assurément pas en position de force en ce moment et si en plus il lui explose plain sight tout le détail de ce qu'il a fait...

Forcément l'homme lève son arme, vise et tire. C'était prévisible, la suite l'étant assurément moins. La balle se stoppe, chute au sol et jusque là rien de réellement surprenant puisque j'ai déjà vu le Professeur en action. Pour la suite cependant... Il n'a jamais été là ce connard. J'expire fortement, nouvel ennemi, mais même combat. Je sursaute toutefois en entendant des coups de feu passer si près de moi après que le Professeur ait dévié la première balle du corps synthétique, me retournant pour voir Fi avec une arme à la main. « Don't stay here you're not bulletproof! Get out! » Que je lance à son attention et celle d'Adam avant de me pencher pour attraper le couteau à ma jambe et m'approcher du corps synthétique. Je sais trop bien que je ne le suis pas non plus, mais ce n'est pas leur problème et je ne veux pas qu'ils soient le mien. Je m'élance donc, essayant de dévier les nouveaux coups de feu sans totalement y arriver, la brûlure d'une balle me glissant contre le bras me faisant râler alors que je vois le résiduel du visage qui fût celui de cette enveloppe me faire face et oh comme je vais me faire plaisir. Je lui donne un bon coup de poing, essayant de m'employer à la débarrasser de son arme pour limiter les dégâts de ce côté sans savoir si les autres ont été touchés par les autres balles envoyées. Je ne peux pas m'y concentrer, pas tout de suite, bien davantage employé à trouver comment je vais le faire bouger. Je sais que je n'arriverai pas à le tuer de mon couteau ni même de son arme que j'arrive finalement à faire tomber non sans m'en être pris une dans l'épaule en grognant davantage. Merci entraînement alien.

Il est fort, plus que fort, et j'essaie de faire abstraction de la douleur des coups dont il me gratifie alors que j'en fait de même, laissant le flot d'adrénaline me coulant dans les veines guider mes mouvements jusqu'à ce que j'arrive à l'immobiliser un minimum. « Professeur un coup de main!? » Que je demande en pointant la vapeur du regard. « Bien enligné sur la tête ce sera parfait. » Ajoutais-je en continuant de me débattre avec la chose qui ne veut assurément pas me laisser le loisir de lui faire sa fête.

Don't stay here you're not bulletproof! Get out! - Ni une ni deux, Spencer sort son poignard et passe à l'offensive pendant que Adam embarque Fi par le couloir. Seule issue, ils profitent que le Synthétique est occupé avec Spencer pour passer sur le côté et filer. Fi et Adam hors de danger immédiat, je peux me concentrer sur le Synth et surtout Spencer, qui se débat avec une machine en bien des points supérieure, avec son couteau à beurre. Cela dit, je remarque vite son objectif et me flagelle mentalement de ne pas l'avoir réalisé plus tôt. - Professeur un coup de main!? Bien enligné sur la tête ce sera parfait. - Sans plus d'attente, je tend la main vers eux et utilise ma télékinésie pour aider Spencer à traîner la chose vers la dangereuse fuite de vapeur. Pour le synthétique, il s'agit d'une lame de feu, et c'est justement tout l’intérêt. Entre les forces physiques de Spencer et mes forces mentales, nous parvenons à forcer la tête du synth dans la trajectoire du nuage de vapeur et rapidement, l'odeur de plastique fondu embaume l'air. Bien sûr, le robot ne pousse aucun cri, mais ses gestes erratiques ne trompent personne. Et puis mon regard capte autre chose.

Adam s'agite dans le petit corridor de tuyaux. Il manipule des conduites, ferme certaines vannes pour en ouvrir d'autres. Piéger la vapeur dans une boucle fermée et réduire la boucle. Faire monter la pression. Un piège de choix, malheureusement inutile et surtout incroyablement dangereux. Ou en tout cas, c'est ce que je pensais. Et à trop penser, on oublie ce que l'on fait. Distrait par les agissement d'Adam et mon instinct de le garder aux abris, j'en perds ma concentration. Une faiblesse temporaire dont le Synth profite pour se défaire de l'étreinte de Spencer et s'éloigner de la lame de vapeur. Tout va très vite. Trop vite pour mon esprit perturbé. Un nouveau BANG résonne dans ma tête, mais rien ne frappe. Ou peut-être que si. Les pas du synthétique résonnent aussi. Un autre BANG lorsqu'il fait un pas en avant. Mes yeux s'agrandissent. Les ombres s'agitent comme une image qui se superpose à une autre. L'espace d'un instant, tout se trouble et se dédouble. Et tout ce flou se fait clarté. J'en rate une série de battements. Et puis mes cœurs s'accélèrent parce que je sais ce qui va se passer.

Le Synthétique change de cible. C'est Adam qu'il choisit, parce que nous sommes un trop grand risque et sa mission demeure Fi. Fi, cachée au-delà d'Adam. Adam est un obstacle. Un obstacle, ça s'élimine. Un nouveau pas, un nouveau BANG. Les dégâts que Spencer et moi avons fait ont ralentis ses processus, mais pas assez pour le rendre inoffensif. Malheureusement, il est trop proche. Et le piège d'Adam est à double tranchant. Et nous manquons d'options, et de temps pour en évaluer d'autres. Je n'ai que le temps de faire une chose. Un nouveau bang. Une chose seulement. Alors je tends le bras. - ADAM! - Le piège se déclenche. L'explosion de vapeur est brutale. Adam s'envole. Spencer bondit. La fumée est partout.

Lorsque Adam revient à lui, le décor a changé. Plus d'entrailles de trains spatiaux, mais une pièce aux murs jaunes et bruns. Plutôt de tuyauterie étouffantes, mais une table lumineuse au dôme holographique. Adam est vautré sur une fauteuil confortable, jusque-là inconscient et veillé d'une Filandra particulièrement attentive, mais actuellement profondément endormie. Il a une vilaine bosse à l'arrière du crâne, ainsi que les cheveux collés d'un peu de sang, mais la blessure a été rapidement guérie. Sur la table est allongée un Spencer tout aussi peu vêtu que lorsque nous étions dans le train. La machine est en train de reconstruire sa peau. Faire disparaitre les tissus brûlés par la vapeur, ou la plaie par balle dans son épaule. La balle, je l'ai extraite moi-même avant de l'installer-là. Quand à moi, je suis debout au pied de la table, les bras croisés et l'air absorbé par mes pensées. Je suis incapable de cacher ma frustration. Autant par l'inconnu qui en sait trop, que par un énième sacrifice de Spencer dont la vapeur a cramé le dos quand il s'est interposé pour me protéger du souffle. Je n'ai, encore une fois, pas la moindre égratignure et c'est seulement grâce à lui. Et je déteste ça.

Me tirant de mes pensées, mon regard se reporte sur Adam quand il se met à bouger. - Tout va bien, Adam. - Dis-je d'un ton calme se voulant rassurant. Ma voix tire d'ailleurs Fi de son sommeil. - Je t'ai projeté hors du souffle de vapeur au dernier moment, mais j'ai été incapable de contrôler ta chute. - Raison de l'impact sur sa tête. - Tu as une légère commotion, mais il n'y aura aucune séquelles. Évite juste les gestes brusques sur les prochaines heures... - Interrompu dans ma phrase par les paupières de Spencer qui se mettent à papillonner, je décroise les bras et me rapproche de la table. La reconstruction est terminée. Bien plus rapide que la première fois qu'il a été allongé-là. À ce stade de brûlure, même ses augmentations n'auraient pas servie à grand chose. Quelques secondes passent. Une série de trois léger bips se font entendre et la barre de reconstruction se rétracte dans la table alors que l'hologramme dorée disparaît. Un frisson secoue l'humain, désormais à l'air libre et comme neuf. Quelques nouvelles secondes passent avant qu'il n'ouvre enfin les yeux. - Tout va bien, Spencer. - Je suis comme un disque rayé. Inutile de lui expliquer ce qui s'est passé, il s'est lui-même interposé et sa tête n'a rien. - You're brand new again, you idiot.

Cette chose ne sera pas aisée à éliminer c'est une évidence et si j'essaie de faire au mieux pour au moins contenir cette forme humanoïde surpuissante, seul je n'y arriverai pas. Je demande un coup de main au Professeur, visant le jet de vapeur dans l'espoir de lui faire fondre le crâne et usant de la moindre once de force que je peux avoir dans le corps pour aider à le tenir en place. Grondant de l'effort ne faisant qu’irradier la douleur de mes blessures alors que la tête du synthétique commence enfin à fondre en embaumant l'air de cette désagréable odeur de plastique. Tout se passait bien jusqu'à maintenant et sans doute trop vite ai-je espéré que ce serait suffisant, à tord. Il n'a suffit que d'une seconde, d'un faux mouvement de ma part ou du Professeur je ne saurais le dire, pour qu'il se dégage de ma prise et que le jet de vapeur ne trouve la paume de ma main où la chaire brûle instantanément malgré mon mouvement de recul et le gémissement de douleur s'extirpant de mes lèvres. Je serre les dents, essayant de contenir la douleur en me prenant le poignet et levant les yeux pour essayer de retrouver mon focus, plus que décidé à ne pas laisser cette chose faire quoi que ce soit à qui que ce soit, mais il est trop tard. Lorsque j'arrive enfin à retrouver un semblant d'esprit la chose est presque sur Adam, le Professeur hurle son nom, et lorsque je comprends ce qui va se passer à la vue des tuyaux je fais la seule chose qui est à ma portée. Je me jète en direction du Professeur qui reste ma mission, qui reste celui que je dois protéger et surtout le seul qui pourra nous sortir d'ici s'il reste quoi que ce soit de nous après tout ceci. Je me jète devant lui sans réfléchir davantage et ne tarde a sentir la morsure de la vapeur dans mon dos avant que tout ne se voile de noir et que je ne perde connaissance sous le coup de la douleur...

J'entends une voix distante, clignant des yeux, les refermant rapidement sous l'agression de la lumière. Entendant des bips et fronçant les sourcils en frissonnant du contact de l'air contre ma peau avant d'essayer d'ouvrir les yeux de nouveau. Je déglutis, la bouche sèche, le souffle calme alors que j'observe le Professeur. Assurément soulagé d'avoir au moins pu le sauvegarder, souriant légèrement à son commentaire en prenant une grande inspiration. Tournant la tête sans me lever en cherchant les autres du regard et soupirant d'un nouveau soulagement en les apercevant non loin. « J'aime cette machine visiblement. » Dis-je sans me risquer à me lever pour autant, sachant trop bien que j'aurai besoin de quelques instants pour reprendre mes esprits. « Tout le monde va bien? Nous sommes encore dans le train? » Que je demande tout de même, supposant que la chose n'est plus des nôtres à ce point avec la force de l'explosion qui l'a frappé en pleine gueule.

Shit. It worked? My trap?.. Tell me I didn't blow the whole train. - Sa question reste en suspend, Spencer s'éveille et je m'occupe de m'assurer qu'il va réellement  bien. - J'aime cette machine visiblement. - Oh, shut it. - Lancé-je en me mettant à son chevet avant d'attraper sa main. Elle était brûlée au troisième degré. Carbonisée par la vapeur. Maintenant, elle est comme neuve et je l'observe d'un peu plus prêt. J'appuie sur quelques points pour m'assurer que ses doigts bougent bien. Que ses articulations, ses muscles sont en état optimal. Rien à signaler. Abandonnant le bras, dont les blessures par balles ont disparues, je remonte à son cou. La gorge avait été entamée également par la vapeur, bien moins que la main cela dit. Mes doigts appuient sans forcer, simplement pour tester la résistance. Je le force à tourner un peu la tête, mais tout semble aller. Adam s'est rapproché. - Tout le monde va bien? Nous sommes encore dans le train? - I'm alright, except for the banging head. I think Fi is sleeping... - Il lève le regard dans ma direction. - Qu'est-ce qu'il s'est passé ?..

Un soupir m'échappe. - You know the drill. Stay still for a few minutes. - Dis-je à Spencer. Se lever maintenant serait stupide. Il s'effondrerait aussitôt. Quelques minutes suffiraient à évacuer le vertige et la désorientation. Suspendu à un crochet dans le mur, un sweat à capuche l'attend déjà. Au moins, cette fois, il est habillé. Derrière Adam, nos voix semblent déranger Fi, toujours plongée dans le sommeil. Elle bouge, à peine, mais ne se réveille pas. - Ton piège a fonctionné, oui. Un peu trop bien, mais il a fonctionné. Tu as eu de la chance que j'ai de bons réflexe. Si je ne t'avais pas repousser hors du champ de déflagration, tu serais mort à l'heure qu'il est. - Est-ce que je cherche à lui faire peur? Peut-être un peu. - Bonne idée. Aurait mérité une meilleure application. Bien joué quand même. - Dis-je malgré tout. Je lui passe le fait que j'ai perdu ma concentration à cause de ce qu'il faisait, il n'a pas besoin de le savoir.

Lorsque les conduites ont explosé, le Synth a pris le gros des dégâts.  Détruit sur le coup, avec le wagon. Heureusement, ces trains ont un champ de force qui s'active en cas de dépressurisation, c'est ce qui a évité que l'on soit aspiré dehors. - Tour à tour, je les désigne, en commençant par Spencer. - Toi tu étais inconscient et gravement blessé, j'ai dû te porter jusqu'au Tardis. Et toi, c'est Fi qui t'as transporté jusqu'ici. Les Azangariens sont plus forts et solides que les humains, mais comme tu peux le voir, ça l'a épuisée. - Abandonnant le chevet de Spencer, je me laisse tomber sur un autre fauteuil. - Résultat des courses, on a évité la destruction du train et la mort de dizaines d'Azangariens, mais le train a perdu toute capacité de propulsion, donc j'ai dû le tracter jusqu'à notre destination pour que les autorités compétentes prennent le relais. - Je jette un œil à la petite horloge numérique de l'écran de la machine. Les chiffres sautent de l'un à l'autre sans le moindre sens ni rythme logique. - Vous avez dormis durant plusieurs heures. Fi et moi en avons profité pour atterrir sur Azangar. Nous sommes actuellement dans son salon. Je déconseille toute visite avant quelques heures, le temps que vous vous remettiez tous, mais on pourrait aller faire un tour ensuite, si vous voulez. Ce n'est pas comme si on était pressé, de toute façon.

Je ferme les yeux un instant et prend une nouvelle inspiration, supposant que tout s'est réparé comme il se doit puisque le Professeur n'a pas affiché d'expression particulière ou passé de commentaire suite à ses tests contre ma chaire. Me rappelant des circonstances, de l'explosion, de la douleur et du blackout sans peine sans pour autant savoir à quel point j'ai pu être abîmé cette fois. À ce rythme je deviendrai plus synthétique qu'un robot à force de remplacement de peau et tout ce que ça peut impliquer. Ce n'est toutefois pas le détail qui m'importe réellement, ayant plus qu'amplement le temps plus tard de me préoccuper de tout ceci. Je m'inquiète plutôt de l'état des autres et suis assurément rassuré par la réponse d'Adam qui, semble-t-il, a été en mesure de se défendre à sa façon. Certes ce n'était peut-être pas la meilleure façon, mais tout le monde s'en est sortir presque indemne et c'est le principal. « Yeah I know. » Que je réponds au Professeur, sachant trop bien comment fonctionne tout ceci depuis le temps oui. Malheureusement. Je suis tout de même curieux d'entendre le détail afin de savoir comment assimiler la suite, écoutant attentivement alors qu'il commence à expliquer. L'entendre mentionner que sans lui Adam ne serait probablement plus des nôtres me fait serrer des dents, moi qui avait pris la peine d'essayer de le rassurer sur le fait que j'étais justement là pour qu'il ne lui arrive rien. Je sais que je suis humain, je sais que je ne suis pas à toute épreuve malgré les améliorations, mais j'espère quand même toujours arriver à accomplir ma raison d'être et forcément 'l'échec' me fait et me fera toujours grincer des dents. Pas la peine de le mentionner. Je note tout de même que la force de la déflagration, détruisant le wagon, aurait pu faire ce terminer cet épisode sur un splendide décès collectif ce qui est... disons moins en faveur de l'improvisateur. Pour le reste, j'imagine qu'on devra se contenter de l'aspect 'tout se fini bien' histoire de remonter un peu le moral des troupes.

Doucement, je m'applique à me redresser puis m'asseoir sur la table. Ne me risquant pas à me lever tout de suite pour laisser une chance au nouveau vertige de passer. « L'important est que les autres passagers aient pu arriver à destination sain et sauf et que tout le monde s'en soit sorti. » Ajoutais-je en me disant que même si la méthode n'était pas au point et malgré la résultante il n'était pas non plus nécessaire qu'Adam se sente mal face à tout ceci. Si jamais l'optique de se sentir mal face à tout ceci lui effleurait l'esprit. « Une visite ne ferait probablement pas de mal ensuite, histoire de terminer le voyage sur une meilleure note. » Continuais-je avant de froncer les sourcils puis fixer le Professeur. « Vous avez eu une chance de parler de notre visiteur avec elle? »

Une visite ne ferait probablement pas de mal ensuite, histoire de terminer le voyage sur une meilleure note. - Je suis partant pour la visite, si elle est plus tranquille que l'a été notre... Croisière de plaisance... - J'acquiesce en silence. Difficile d'oublier la jeune serveuse, ou la quantité d'employés du train, morts dans leur sommeil, mais nous ne sommes pas responsables. J'aurais dû être plus rapide, et c'est une culpabilité que je garde en moi, mais nous ne sommes pas coupables de ces morts. - Hum, vous avez garé le Tardis où ? Pas que le pyjama fourni par le train soit inconfortable, mais si on doit partir en visite plus tard, je préférerais des vrais vêtements. - Nous sommes chez Filandra. - Lui réponds-je. - Mais ne t'inquiètes pas pour ça. Tu as vu le dressing du vaisseau. Et puis, tes vêtements terrestres doivent toujours être là, quelque part. - S'il s'est changé en bas et les as laissé dans la cabine, ils doivent encore s'y trouver.

Les sourcils froncés de Spencer ne m'ont pas échappé, mais c'est une chose qui arrive souvent. Cette fois, pourtant, il exprime son questionnement. - Vous avez eu une chance de parler de notre visiteur avec elle? - Pas vraiment, mais j'ai fais quelques recherches pendant que vous dormiez. - Dis-je en jetant un œil à Adam. Il est vrai qu'il n'est au courant de rien. Alors je reprends depuis le début. - Nous avons rencontré cet homme pour la première fois il y a quelques années. Il tenait un centre illégal d'expérimentations sur différentes races aliens. Nous l'avons mis en déroute, et n'avons plus entendu parler de lui depuis. - Mon regard se fait alors plus large pour revenir à Spencer également. Sur son fauteuil, Fi semble émerger. - Le Bras de Cazar, c'est l'organisation à laquelle il appartient. À l'époque je n'avais pas trouvé grand chose à leur sujet, mais ils semblent bien plus actif qu'avant.

Pensif, mon regard dérive un instant. - Il s'agit d'un groupe criminel bien implanté. Vol, meurtre, trafic en tout genre. Ils donnent dans tout et sont partout. Je n'ai pu trouver aucune information sur la ou les personnes qui les dirigent. - Personne ne sait qui est derrière le Bras de Cazar. - Intervient Fi, ses petits yeux encore ensommeillés. - C'est pas faute d'avoir cherché... - Je fronce les sourcils. - Pourquoi étiez-vous sa cible? - Elle hésite. Mon regard la scrute. - Ils ont voulu profiter de mes ressources. J'ai refusé. Je n'aime pas être utilisée et encore moins être à la botte de quelqu'un. Ça n'a pas dû leur convenir. - Pas de mensonge. Rien de surprenant, pas vraiment. J'en ai vu faire pire pour bien moins que ça. - À l'évidence...

Je porte une main à mon front pour le frotter, ma main glissant lentement contre mon visage pour essayer de chasser la fatigue qui semble m'assaillir soudainement. Pas que ça m'étonne réellement, mais ça ne m'a jamais arrêté de fonctionner pour autant. Ce n'est pas sans raison que j'ai cette addiction à la caféine que j'aspire arriver à combler de davantage qu'un breuvage alien au look douteux bien que j'aie dû m'en contenter à l'occasion. Une addiction... que je sais ne pas être la seule que je possède même si je peine à me l'avouer, même si j'essaie si fortement de la repousser, mais des événements comme celui venant tout juste de se dérouler ne font qu'ajouter à cette impression que sans ça, sans ces modifications, je n'arriverai plus à être suffisamment efficace pour nous protéger en cas de danger. Un goût amer que j'essaie de chasser au profit d'une question concernant ce visiteur indésirable qui nous a assaillit, faisant suite au questionnement d'Adam concernant les vêtements qu'il faudrait en effet enfiler avant de songer sortir en balade. Étant visiblement d'accord sur le fait que ça ne nous ferait peut-être pas de mal après tant d'émotions. Inspirant doucement, je me lève pour aller récupérer le sweat se trouvant sur un crochet non loin pour l'enfiler tout en écoutant le Professeur nous faire part du résultat de ses recherches. Appréciant un peu je l'avoue qu'il ne gratte que la surface de notre rencontre avec l'homme lors de ses explications à Adam, surtout pour ne pas l'effrayer en lui parlant de ce que ses hommes m'ont fait subir. Si j'ai réussi à m'en sortir sans trop de mal, peut-être qu'il n'en serait pas de même pour lui et son esprit... Des années déjà et je n'ai pourtant pas oublié même si j'étais plus drogué que je ne l'ai été au cours de toute ma vie.

Je retourne près de la table sur laquelle j'étais pour m'y appuyer, croisant les bras en fronçant de nouveau les sourcils lorsqu'il mentionne le nom du groupe, mais surtout leur activité semblant croissante depuis cette époque où nous les avons croisé. Ce qui n'est assurément pas une bonne nouvelle. Pas plus que de les savoir versés dans tant de choses et donc pouvoir prétendre pouvoir les croiser n'importe où. Vu ce qu'ils ont fait pour un simple 'non', qui sait ce qu'ils pourraient faire si quelqu'un décide de leur tenir tête un minimum. Ce que je ne doute pas du tout le Professeur vouloir faire avec ce qui vient de se passer, ce que Fi lui a dit et les évidences qu'il a trouvé. Peut-être devrais-je songer à donner des cours de défense 101 à Adam. « Est-ce que d'autres personnes sont liées à ces ressources? D'autres personnes qui pourraient être prises pour cible? » Ça c'est s'ils n'envoient pas quelqu'un pour terminer le travail avec elle, mais demander n'est pas un mal non plus. « Avez-vous de quoi vous protéger ici s'ils décident de revenir? » continuais-je de demander à Fi.

Au ton ironique d'Adam je ne réponds que d'un air désolé. Je l'ai prévenu que l'univers au-delà de la Terre n'a rien de sûr. Il est magnifique, incroyable, mais également dangereux et effrayant. Mais l'expérimenter et le savoir sont deux choses différentes. Il saura à quoi s'attendre désormais. Même si j'espère que nous ne seront plus confrontés à ce genre de situation, je sais mieux que d'entretenir des illusions.
Les raisons qu'avancent Fi sont... cohérentes. C'est une réaction un poil exagérée de la part du Bras, mais j'en ai vu bien d'autres faire bien pire pour bien moins que ça. Spencer a tout de même des questions supplémentaires et j'écoute la jeune femme avec attention. Elle secoue la tête. - Mon entreprise a une structure pyramidale. Je suis seule à prendre les importantes décisions, et seule à connaitre les informations sensibles. Mes subalternes directs n'en ont que des fragments. - Informations? Quand elle a parlé de ressources, je pensais à bien d'autres choses. - Mais ne vous inquiétez pas. Ici, je suis intouchable. - L'Orient Express était supposé être sûr aussi. - Non, pas vraiment. Mais ici, je ne risque rien. Mon immeuble est une forteresse, et j'ai bien assez de contacts aux bons endroits pour voir venir la moindre menace. - Alors pourquoi avoir quitté la planète si c'est si sûr ici? - Oh... Certaines tâches nécessitent de faire le déplacement. Je suis certaine que vous comprendrez.

Je comprends. Même si je doute, cette fois, que nous parlions des mêmes choses. L'adage tient, cela dit. On est jamais mieux servis que par soit-même. Sur ces derniers mots, Adam qui était déjà ailleurs se lève. Il se dirige vers la porte, distrait, et s'arrête. - J'ai hum... Besoin de me changer les idées... - Je peux comprendre. Ça n'a pas été un voyage de tout repos.  Ayant également remarqué la fatigue dans les yeux du soldat, je prends alors sur moi de faire signe à Fi de nous suivre. - Adam a raison. Nous avons tous besoin d'un peu de repos. Spencer? Ça ira? - Il acquiesce. J'aurais été surpris s'il en avait été autrement. - Bien. Je vais conduire Adam à ses quartiers. Fi, je suppose que vous saurez retrouver votre chemin. - Elle est déjà au niveau d'Adam et un air sérieux rencontre son petit sourire joueur. - Ne vous égarez pas. Je le saurais. - Ne vous inquiétez pas, Professeur. Je suis bien trop fatiguée pour une balade. - Elle rejoint la porte et se retourne une dernière fois avant de partir, un dernier regard à l'attention d'Adam. - À plus tard, mon Chou.

Un soupir m'échappe alors que je serre ma main sur l'épaule du jeune humain. - Lets go. - Laissant Spencer à son repos, nous traversons la porte pour nous retrouver dans la salle de la console. Sur notre droite, la porte du TARDIS se referme sur l'Izangarienne. - Lead the way, Buddy. - Lancé-je en l'air. Aussitôt, une ligne de lumière apparaît au sol et nous la suivons jusque dans les escaliers vers l'étage supérieur. Le couloir s'allonge et nous continuons de suivre ce fil d'Ariane. Nous passons la porte rouge de la chambre de Spencer. Nous passons même celle de la cuisine, et des toilettes un peu plus loin. Toutes les portes sont rouges, sauf peut-être celle au fond du couloir, grise et abîmée, mais nous n'allons pas jusque-là. Nous nous arrêtons devant une rouge, trois portes plus loin que celle de Spencer. - Nous y voilà. Saisis la poignée. - Il tourne un regard perplexe vers moi. L'instruction n'aurait pas été si étrange si je lui avais simplement dit de passer devant. J'ai mes raisons. - Le TARDIS peut définir ta chambre idéale en sondant ton esprit. Il te suffit de saisir la poignée et ouvrir la porte. C'est indolore, je te le promet. - Alors il accepte.

Aussitôt la poignée en main, les lumières clignotent de concert, comme un rythme pré-établis. Lorsqu'elles se stabilisent, sur la porte se dessine des formes. Gravures gallifreyennes aux formes cylindriques. - C'est fait. Tu peux entrer. - Lorsqu'Adam ouvre la porte marquée de son nom et prénom, la petite chambre futuriste nous apparaît. Minimaliste, comme les quartiers d'un vaisseau d'exploration du 70ème siècles, la pièce est tout de même agréable et bien suffisante pour une personne. Bonus, la vitre donnant sur l'extérieur. Ici, l'immense salon de l'appartement de Fi, mais l'espace sidéral ou même le vortex temporel lorsque nous seront en vol. Et sur le côté, la petite salle de bain qu'il cherchait. Inutile d'ignorer le mélange de surprise, de joie pure et d'excitation qui se dépeint sur son visage. Un enfant, face à une merveille. À y penser, ça n'est pas tout à fait faux. - Qui dit chambre idéale, dit que tout ce dont tu as besoin est là. Je te laisse te mettre à l'aise. Prends ton temps, nous ne sommes pas pressés. Izangar est juste là, dehors. Elle n'ira nulle part. - En tout cas j'espère. Un train qui explose est loin d'être la plus dangereuse des menaces, mais je suis confiant. Ce voyage se terminera sans accroc.