Est-ce que quelqu'un compte nettoyer ça? - Lancé-je à travers la salle sans entendre la moindre réponse. Agaçant. Une boue verte translucide semblable à de la gelée forme une long traînée depuis la porte, et un tas. Un blob. Est-ce que c'est de ma faute si Adam s'est retrouvé devant la plante géante qui a craché cette bouillie? Ok, peut-être, mais le reste était totalement hors de mon contrôle. Heureusement que cette mixture n'a aucun effet sur les humains, Adam aurait été paralysé durant plusieurs heures autrement. Un fait qui a d'ailleurs particulièrement impressionné les locaux. J'ai l'habitude qu'on me regarde comme la dernière merveille de l'univers, parce que d'une certaine manière c'est le cas, ou ça l'a été, mais je doute que ces deux humains y soit accoutumé. Aux révérences. Aux cadeaux et attentions. Aux cultes, même. Certains de nos hôtes les regardaient vraiment avec une déférence inquiétante. Je ne serais pas étonné de découvrir des autels à leur honneur. Mais je suppose également que des dieux vivants n'ont pas besoin de se préoccuper des tâches ménagères.

En vitesse de croisière, nous retournons sur Terre. Voilà quelques mois que Adam, Spencer et moi voyageons ensemble. Un temps mit à profit pour apprendre à se connaitre et se faire confiance, même si depuis cette journée où j'ai envoyé Adam dans son subconscient, nous n'avons rien appris de nouveau quand aux mystères qui l'entourent. La raison de notre visite sur Terre n'a rien de bien inhabituel. Un arrêt rapide chez UNIT pour déposer Spencer afin qu'il fasse son rapport, et j'irais laisser Adam au Café, à l'heure pour son service. Certains doivent bien travailler pendant que les autres, moi, arpentent les vieilles archives à la recherche d'informations sur le Bras de Cazar. Adam est certainement sous la douche et Spencer en train de se préparer pour son entrevue avec Kate. Je m'occupe donc du ménage, comme le subalterne des divins que je ne suis pas. Heureusement que le vaisseau a un système de nettoyage. Quelques boutons pressés et voilà la bouillie verte qui disparaît, comme aspirée par les passerelles.

Une alerte s'affiche à l'écran. Je me rapproche de la console. Un point se rapproche d'un autre dans un ciel numérique d'étoiles et de vagues colorées bizarres. Pressant un bouton, je parle d'une voix normale. - Atterrissage dans six minutes. - Un haut-parleur. Ma voix saura les trouver, où qu'ils soient.

J'espérais que ça n'arriverait pas, fortement, de toute ma volonté, et même si je fais mine que tout vas bien je commence à voir ce que j'appréhendais se profiler à l'horizon. Je le ressens en ces instants où, le poing serré et le corps tendu, j'essaie de me convaincre que c'était la bonne décision de ne pas faire usage de cette chose qui arrive à modifier mes capacités même si tout mon corps me hurle le contraire. Même si je sais qu'elle allant sur Terre, retrouvant mes choses, ma vie, ne serait-ce que partiellement, je n'aurai pas la moindre raison d'utiliser cette chose que je n'aurais sans doute jamais dû flancher à utiliser. Je croyais mon esprit fort, mais je le découvre faible. Je croyais mon corps fort, mais je le découvre tout aussi faible en son incapacité à réaliser toutes ces choses extraordinaires que cette... drogue me permet de faire. Plus fort, plus vif, moins humain en chaque action que j'arrive à poser pour la bonne cause. Pour empêcher le Professeur de mourir encore stupidement sous ma garde même si pour le moment je touche du bois, car tout va bien. Pour empêcher Adam de se faire malmener de trop par les formes de vie autres que nous allons croiser sur ce chemin qu'il va visiblement continuer à partager. Et cette fois je n'ai pas flanché, essayant de sevrer cette évidente dépendance que je continue pourtant de nier en me disant que sur Terre je n'en ferais pas usage, et je vois ce que ça a donné pour lui. Ça a bien tourné, mais ça aurait pu ne pas être le cas. Je sais que je ne suis pas à toute épreuve, je sais que je reste humain et que ces forces sont plus puissantes que je ne le serai jamais, mais j'essaie si fortement de faire mon travail au mieux que je me maudits pour le moindre faux pas en prenant le blâme sans l'once d'une hésitation.

La voix du Professeur raisonne et je fixe la boîte contenant le fruit de mes tourments en soupirant, me levant de mon lit où j'étais assis pour la ranger et surtout pour la laisser ici. Je dois être plus fort que ça. Je sais être plus fort que ça même si mon corps hurle qu'on lui donne de cette force irrésistiblement grisante à sentir se faufiler en mes veines. Ceci fait, j'attrape mon sac de toile et jète un dernier regard à la pièce avant d'en sortir, ne sachant réellement combien de temps je devrai passer sur Terre cette fois. Je sais que je vais encore devoir me coltiner le psy, que je vais encore devoir défendre le point que tout va bien même s'il en doute et avec raison, mais je sais surtout que moins je me sens comme une vulgaire bête de laboratoire à analyser et mieux je me porterai.

Je retrouve le Professeur, déposant mon sac et croisant les bras. « Alors, quels sont vos plans dites-moi. Vous allez profiter d'un peu de vacances de notre présence pour faire des bêtises ou ce ne sera qu'un bref arrêt avant de repartir. » Pas que ça change réellement quoi que ce soit pour moi le temps passé ici sur le plan social dans tous les cas, mais moins je le sens prompt à s'évader seul et mieux je me porterai.

L'adoration liée à sa résistance à la paralysie avait peut-être été sympathique, mais cette fichue gelée verte l'était beaucoup moins. Et il en avait partout. C'était à se demander comment elle avait réussi à ce point à s'infiltrer à l'intérieur de ses vêtements...

L'idée que la substance était peut-être consciente, ou au moins vivante à un certain degré lui tira une grimace et un frisson d'horreur, et il augmenta encore la pression de l'eau de la douche sous laquelle il était déjà depuis dix minutes, se mettant à frotter frénétiquement son cuir chevelu dans une tentative de plus en plus désespérée de virer les restes de glue alien qui lui emmêlaient les cheveux.

Quand on pensait voyage interstellaire, on imaginait plutôt les planètes éloignée, la faune et la flore exotique, les expéditions à risque et l'action qui s'en suivait. Pas les trois heures de nettoyage qui suivait parfois ce genre d'aventure. Savoir à l'avance que ce genre de trucs lui arriveraient ne l'aurait ceci-dit certainement pas dissuadé de venir, il aurait juste souhait que le Prof le brief un peu plus sur ce type de risque AVANT qu'il n'aille explorer cette planète. Il lui aurait piqué un parapluie sonique, si un tel truc existait.

Il finit par couper l'eau lorsque la voix du Professeur retentit à travers un haut-parleur invisible, avec l'espoir qu'il ne retrouverait pas d'autres fragments de slime plus tard, et noua une serviette autour de sa taille avant de sortir de la petite salle de bain pour rejoindre sa chambre.

De l'autre côté de la vitre qui logeait le lit défilait l'intérieur du vortex temporel, et il resta un instant captivé par la vue, les lueurs mouvantes, presque indescriptibles qui formaient comme un tunnel au cœur duquel ils voyageaient. Il secoua la tête, s'arrachant à la vision, toujours autant captivante qu'un peu dérangeante, l'idée vertigineuse de la totalité de l'espace temps réunis sur un même plan pouvant être quelque peu perturbante. D'une pression du pousse, il activa l'interrupteur opacifiant la vitre et s'activa à s'habiller pour rejoindre les deux autres.

Il était pieds nus et encore en train de se sécher les cheveux à coup de serviette lorsqu'il arriva dans la salle de la console, ses affaires fourrées en vrac dans un sac pendu en équilibre précaire à son épaule.

- Ca peut pas être un arrêt bref pour moi en tous cas, faut que je reste quelques jours sur terre, les gens vont finir par trouver ça louche que mes cheveux poussent aussi vite pendant mes jours de repos...

Ses affaires atterrirent dans le canapé avec la serviette humide, et il s'assit dans l'espace restant pour enfiler chaussettes propres et chaussures.

- Mais j'avoue que la question est intéressante, vous faites quoi exactement quand on est pas avec vous ?..

Spencer est le premier à me rejoindre, quelques minutes plus tard. Un peu palot, quelques signes de nervosités, rien qui n’enclenche la moindre alerte pourtant. Sa suggestion de vacances me tire un sourire. Je sais, je suis un voyageur, je fais un peu de ce que je veux quand je le veux, mais de là à suggérer que je sois capable de prendre des vacances... Encore que ces quelques jours au SPA étaient plutôt agréable. Peut-être faudrait-il introduire Adam aux soins solaires, à l'occasion. Adam, d'ailleurs, qui arrive juste après le soldat, pas tout à fait prêt. - Ça peut pas être un arrêt bref pour moi en tous cas, faut que je reste quelques jours sur terre, les gens vont finir par trouver ça louche que mes cheveux poussent aussi vite pendant mes jours de repos... - Un nouveau sourire. Amusante est la normalité, n'est-ce pas? - Mais j'avoue que la question est intéressante, vous faites quoi exactement quand on est pas avec vous ?..

Un rire m'échappe. - Mystère et boule de gomme. - Fais-je avant de presser quelques boutons. Le vaisseau tremble, sensiblement. Nous approchons de la bonne époque. - En général, j'en profite pour faire un peu l'entretien du vaisseau. Faire la vidange, ce genre de choses. - Vidange de Tardis, bah bien sur. - Ça m'arrive de me balader en ville, aussi. J'ai vécu à Londres durant des années, alors je rends visite à quelques connaissances. - Je lève les yeux vers Spencer. - Et oui, ça m'arrive de partir en balade, mais seulement en cas d'urgence. - Comme cette fois où j'ai reçu une alerte de collision imminente entre deux astéroïdes au-dessus de l'une des lunes habitées de Mastifar. En terme d'urgence, ça se pose-là. - Cela dit, pour cette fois, je vais surtout en profiter pour faire quelques recherches sur nos bons amis du Bras de Cazar. Si on peu les débusquer, tout le monde sera un peu plus en sécu...Quelque chose sonne. Quelque chose clignote. Une vague blanche traverse l'écran tactile des commandes. Nous venons d'entrer dans le 21ème siècle.

Here we go... - Calibrant la précision temporelle et la vitesse d'approche, nous traversons les années. Une brève secousse signifie que nous venons de repasser dans le spectre matériel de l'univers, mais pas tout à fait. Adresse spatiale? Ok. Coordonnées temporelles? Presque. UNIT, base de Londres Sud, 9h du matin. Le tambour retentit. Le sol vibre et la sensation de stabilité prend la pas sur les tremblements d'un vol en plein vortex. Nous sommes arrivés. - Right on time. - Lâché-je en jetant un sourire fier à Spencer. Je tourne la tête vers Adam. - Et toi, si c'est une question de longueur de cheveux, je peux installer une station de coiffure dans ta salle de bain. Elle s'occupera de te remettre à neuf à chaque... - On toque à la porte. Les coups semblent surplomber le nouveau silence, comme si le vaisseau lui-même était surpris. Je tourne la tête. On toque encore. Un regard vers Spencer. Je sais que mon vaisseau qui apparaît en plein parking de UNIT n'inquiète plus personne, mais ça, c'est nouveau. Troisième salve de coups sans agressivités. Je me dirige vers la porte.

De quelques pas, je saisis la poignée et ouvre, tombant nez à nez avec un homme en uniforme vert aux liserés rouges. Sur sa tête, une casquette de postier dans les mêmes teintes. Voilà qui est loin des tenues réglementaires des recrus. Au-delà, le décor parait bien plus usinier. Moins métal et ciment, plus rouge et machines vrombissantes traitant des dizaines, centaines de boites  rouges. - Bonjour. Livraison pour Monsieur O'Donney ? - ... What? - J'ai un colis pour un Spencer O'Donney. - Répète l'homme. L'ignorant, je sors du vaisseau. Voitures et camions noirs; soldats et mécanos entrain de travailler; tout ça a disparu. En lieu et place, des machines et tapis roulants, et cet énorme mot placardé sur le mur: Kerblam! - What in the seventh rings of Silar.

Le Professeur n'a pas le temps de me répondre qu'Adam ne tarde à arriver pour mentionner la normalité de sa vie et ce que tout ceci implique dans son quotidien si normal qu'il en semble presque irréel. On perd un peu le fil de la normalité avec le temps, au cours des voyages et rencontres qui ne le sont en rien, normales, et bien que je m'habitue un peu à sa présence je continue de croire que ce serait plus simple pour lui de simplement continuer de vivre sa vie. Ça lui éviterait d'effleurer la mort si souvent, mais visiblement ce n'est pas quelque chose qui les dérange lui ou le Professeur. Peut-être vais-je devoir songer l'entraîner ne serait-ce qu'un minimum pour qu'il soit en mesure de se défendre un peu plus proprement si la situation le nécessite. Enfin, nous verrons dans un avenir plus ou moins rapproché si vraiment ça ne l'embête pas de cultiver le mystère des cheveux qui poussent.

Notre hôte ne répond pas réellement à mon questionnement, sentant un façon de banaliser notre absence dans ses propos que je trouve fort peu crédible. Je connais le bougre, ce qu'il sait à voir comme il me fixe avant d'admettre que oui pour une urgence ou un autre il partira en balade sans se poser davantage de question et sans me prévenir. Ces balades sont les pires. Normal que je reste septique de ses explications, mais que puis-je réellement y faire après tout? Le Professeur est têtu et même si je hurlais au scandale ça ne l'empêcherait pas de n'en faire qu'à ça tête et me balancer un petit 'oups' lorsque je demanderais des explications à mon retour. Mon regard suffira donc pour cette fois, encore.

Les clignotements et secousses diverses indiquent que nous approchons de notre destination et je décroise les bras pour attraper mon sac au sol et me préparer à sortir... jusqu'à ce qu'on cogne à la porte. C'est étrange ça. Peut-être Kate qui a une requête particulière et a absolument besoin de parler au Professeur avant qu'il ne parte de nouveau? Je hausse simplement les épaules lorsqu'il pose son regard sur moi suite à de nouveaux coups donnés, m'approchant de la porte lorsque le Professeur s'y dirige également.

Un homme que je ne connais pas se trouve sur le pas de la porte, mais là n'est pas la seule chose qui attire mon regard. Nous sommes loin d'être dans le parking de UNIT et ça ce n'est pas non plus normal, mais encore là ce n'est pas ce qui arriva à me surprendre plus que tout le reste. Plutôt cette livraison m'étant semble-t-il destiné. Quoi? Comment est-ce que c'est possible? Le Professeur, visiblement tout aussi perturbé que moi, passe simplement à côté du livreur sans lui accorder davantage d'attention et je me dis que sans doute est-ce à moi de le faire si la livraison m'est destinée non? Un bref regard vers Adam puis je me dirige donc vers l'inconnu. « Je suis Spencer O'Donney. » Il me demande une signature puis me tend finalement une carte postale avant de s'éloigner. Une... carte postale... qui me laisse là encore sans mots. C'est quoi ce bordel encore? Et si clairement le message est peut-être partiellement compréhensible, le destinataire l'est beaucoup moins. Tats Tweaker... C'est trop étrange pour ne pas avoir une autre signification. « Tats... Tweaker... Tats... Tweaker... Kate Stewart. Oh that can't be good. Professeur! »

Je fixe Adam. « Soit prudent et, si jamais, j'ai un couteau à la cheville. Ce n'est pas grand chose, mais c'est mieux que rien alors si quelque chose ne va pas tu plonges et tu le prends. On va essayer de t'éviter un autre alien qui te bouffe. » Je vais ensuite rejoindre le Professeur pour lui tendre la carte postale. « C'est Kate... et... cet endroit c'est? Kerblam? »

La réponse du Professeur à leur questions sur ses habitudes lorsqu'ils n'étaient pas avec lui resta assez vague. A chacun ses secrets, probablement. Et était suffisamment perspicace pour remarquer le regard désapprobateur de Spencer sur l'alien. Le soldat n'appréicait que moyennement de savoir que leur hôte s'en allait parfois vivre des aventures de son côté, sans escorte rapprochée ou anomalie humaine pour l'accompagner, bien que dans ce dernier cas, ce n'était certainement pas sa présence à lui qui rassurerait spécialement le major.

Il perçu la sortie du vortex comme un frisson indescriptible le long de sa nuque, alors même qu'il finissait de lacer ses chaussures. Sa sensibilité à ce genre de phénomènes semblait s'accroitre à mesure qu'il voyageait dans le TARDIS... Il faudrait qu'il en parle avec le Prof la prochaine fois qu'ils se pencheraient sur... Le mystère qu'il était récemment devenu pour lui même...

Il quitta le canapé, finissant de ranger son bazar pendant que le Prof mentionnait la possibilité de lui installer une station de coiffure dans sa chambre.

- Nah, I'm actually trying to let it grow. It's just that I don't want people to get suspicious over how quick I'm actually able to achieve that. Else I'm gonna end up on a "hairdressers hate him" ad somewhere and get harassed by shampoo makers or something.

Il avait à peine remarqué que le propriétaire des lieux s'était arrêté au milieu de la phrase à laquelle il venait de répondre, tout absorbé qu'il était à ne tenter de rien oublier d'important dans ses bagages. C'est le silence relatif qui suivit sa tirade et le deuxième coup frappé à la porte qui lui fit prendre conscience que la situation était visiblement inhabituelle.

En y réfléchissant, ça semblait logique. Le Professeur et Spencer étaient connus de UNIT, et le TARDIS aussi. Les membres de l'organisation auraient vraisemblablement attendu qu'ils sortent du vaisseau pour s'adresser à eux, et quiconque ne les aurait pas connu ne serait pas venu toquer à la porte de ce qu'ils auraient perçu comme une simple cabine téléphonique. En additionant ces données, avoir quelqu'un qui venait frapper à la porte du TARDIS pouvait logiquement perturber les deux habitués des lieux.

L'ouverture de la porte sur un coursier décidé à délivrer son courrier à Spencer ne fit rien pour éclaircir la situation. Le Timelord sorti rapidement par la porte, visiblement surpris de ce qui se trouvait de l'autre côté, tandis que Spencer récupérait la carte postale et la lisait rapidement, mentionant le nom de Kate Stewart avant de le briefer rapidement sur le couteau qu'il portait à la cheville, un air toujours aussi sérieux accroché au visage.

Avec un soupir, il rejoint les deux autres hommes  l'extérieur.

- If you need a reminder that this is still rather new to me and I kind of have no idea what's going on, then this is your reminder that this is still rather new to me and I kind of have no idea what's going on. What did the letter  say? Who's Kate and weren't we supposed to go to UNIT?

Je suis Spencer O'Donney. - Dans mon dos, Spence récupère le courrier que le coursier lui remet. L'homme, aussitôt sa tâche accomplis, s'esquive sans plus de cérémonie. Peu importe, il n'est que le messager. J'ai mémorisé son numéro d'identification au besoin. Non, le plus important me crache au visage et il tient en cette immense enseigne, peinte au mur. Kerblam. - Tats... Tweaker... Tats... Tweaker... Kate Stewart. Oh that can't be good. Professeur! - Interpellé, je fais volteface et rejoins mes deux compagnons de route. Il me tend la carte postale. - C'est Kate... et... cet endroit c'est? Kerblam? - Kate? À quoi joue-t-elle? - If you need a reminder that this is still rather new to me and I kind of have no idea what's going on, then this is your reminder that this is still rather new to me and I kind of have no idea what's going on. What did the letter say? Who's Kate and weren't we supposed to go to UNIT? - Inside, both of you. Now!

Je retourne la carte postale plusieurs fois, observant la photo d'un quartier du Sud de Londres avant de revenir au texte. L'écriture correspond à celle de Kate, mais pas la signature. Pour autant, Spencer a raison, il s'agit d'un anagramme. Elle est bien l'auteure de ce message que je laisse à Spencer le loisir de relater à Adam. Au lieu de ça, je lève le nez vers l'écran, vérifie et revérifie les coordonnées spatiales et temporelles. - This is UNIT... - Bonne adresse. Bonne époque. Nous n'avons pas repris contact avec Kate depuis deux mois, seulement de passage pour déposer ou récupérer Adam.  Où sont-ils tous passés? - Hey, buddy. Pull out the timestream. - À l'écran s'affiche une frise semblable à un affiche en vecteur d'un son, mais mouvant. Plusieurs des vecteurs sont brièvement pointés de cercles blancs qui disparaissent presque aussitôt. Certains demeurent, et disparaissent aussi. - I see no anomaly. It's not a paradox or an alteration of the timeline. Kerblam is a shipping compagny. This is the early stage of it's development, but they're not suppose to be here. UNIT is. At least for a few more years.

La carte toujours en main, je la laisse nerveusement pivoter entre mon pouce et mon index, accaparé par la projection, avant de réaliser un petit détail. Une infime nuance. Le poids de la carte postale, inégal. Le timbre. Il est trop épais. Je lève la carte. - Scan this. - Un rayon sort du plafond, scanne le timbre et disparait. Presque immédiatement, un circuit imprimé complexe apparait à l'écran, et un pulsion lumineuse stable sur l'un des points. - Kate you sneaky woman. Get us to the university! - Laissant au Tardis le soin d'agiter ses lumières et faire trembler le sol, je me retourne vers les garçons. - Hidden device, in the stamp. It's pulsing, so there's energy in it. Not sure what it is or how to use it, but Kate probably assumed we'd find a way. And she was right.

Le Tardis secoue un peu avant de trouver le sol à nouveau. Les moteurs soufflent. Je suis déjà à la porte. De l'autre côté, un sol en damier, des étagères pleines à craquer de produits d'entretient, et une porte en bois. Porte que je passe également. Et de l'autre côté encore, des murs d'un autre temps encadrant un large couloir éclairé de vitres fines, le sol martelé des pas des étudiants pressés. L'université de Londres. Ignorant les potentiels témoins, je sors le stylo sonique et l'active, envoyant un signal à travers tout le bâtiment. Les nanites de Zek ne pourront pas l'ignorer.

La perplexité transpire de tout le monde en ce moment précis où personne ne comprend réellement ce qui se passe et là où le Professeur en vient simplement à nous hurler d'aller à l'intérieur, je m'applique tout de même un minimum à expliquer ce que je suis en mesure d'expliquer à notre compagnon de voyage tout en refermant la porte du Tardis. « Si cela peut te rassurer un peu, je ne sais pas réellement ce qui se passe non plus. Normalement, nous devrions être dans le stationnement de U.N.I.T. et visiblement ce n'est pas le cas. Encore plus anormal, une personne qui cogne à la porte pour livrer me livrer une carte postale visiblement signée de la main de Kate, ma supérieure, me demandant si j'ai passé de bonnes vacances et me demande si je rentre bientôt parce qu'elle a beaucoup à me raconter. C'est là qu'on se situe en ce moment et ce n'est pas forcément signe de bonnes choses. » Beaucoup plus de mots qu'à mon habitude même pour qu'il puisse lui-même se faire une tête sur la situation, mais surtout comprendre que cela implique un petit retard dans le planning pour son retour sur Terre à sa petite vie 'normale'. Ceci expliqué je retourne donc près du Professeur afin d'observer plus en détail ce qu'il fait en croisant les bras et essayant de suivre son raisonnement. Rien d'anormal, pas de paradoxe, une compagnie d'envois là où U.N.I.T. devrait en effet se trouver... Serions-nous dans un genre d'univers alternatif? Quoi d'autre s'il n'y a pas de paradoxe notable? Avec tout ce sur quoi j'ai pu poser le regard au fil des années ce n'est pas même une éventualité qui pourrait me choquer.

Je soupire, ne sachant réellement comment aider davantage le flot de pensée menant le Professeur à scanner la carte postale. Qu'a-t-il trouvé que Kate semble y avoir glissé? « Je vois... » Je me dirige vers mon sac pour en prendre l'arme que j'y laisse toujours et la glisser dans le dos de mon pantalon à sentir le Tardis bouger ainsi. Nous voici repartis pour l'aventure et je suis l'hôte de l'endroit en direction de la porte pour observer ce qui se trouve de l'autre côté, les sourcils froncés. Davantage encore lorsque je vois des... étudiants se presser dans un couloir où va le Professeur. Une école? Je me tourne vers Adam en glissant les mains dans mes poches. « Il vaut peut-être mieux l'attendre ici et ne pas trop nous faire remarquer... » Enfin, pas tant que le Professeur est visible à mon œil. « Je crois que tu vas devoir trouver une façon de couper tes cheveux seuls si tu veux t'en sortir, on est pas près d'être rentrés à mon avis. Si ça a pu toucher directement U.N.I.T. comme ça c'est qu'il y a quelque chose de réellement pas net à prévoir. »

Il regagna l'intérieur du Tardis, suivant l'ordre qui leur avait été lancé à lui et à Spencer, tout en écoutant les explications que lui dispensaient ses compagnons de voyages. Ses sourcils se froncèrent, confus.

- I see no anomaly. It's not a paradox or an alteration of the timeline. Kerblam is a shipping compagny. This is the early stage of it's development, but they're not suppose to be here. UNIT is. At least for a few more years.

- But...

Le Professeur ne sembla pas remarquer sa tentative d'intervention, tout concentré sur son graphique qu'il était d'abord, puis sur le timbre de la carte postale qui semblait être plus qu'un simple bout de papier autocollant.

- Normalement, nous devrions être dans le stationnement de U.N.I.T. et visiblement ce n'est pas le cas. Encore plus anormal, une personne qui cogne à la porte pour livrer me livrer une carte postale visiblement signée de la main de Kate, ma supérieure, me demandant si j'ai passé de bonnes vacances et me demande si je rentre bientôt parce qu'elle a beaucoup à me raconter.

- Yeah that would be b-

Cette fois-ci ce fut le soubresaut du sol sous lui et le bruit du Tardis se dématérialisant qui l'interrompirent. Il laissa échapper un grognement agacé en roulant des yeux, et croisa les bras sur le torse, s'appuyant sur l'un des accoudoirs du canapé en attendant que les choses se calment un minimum pour réussir à se faire entendre.

La Tardis s'immobilisa enfin dans son habituel claquement, Spencer récupéra une arme et suivi le Professeur vers l'extérieur. Il décroisa ses bras suivi les deux autres hommes jusqu'à la porte du Tardis, jetant un coup d'oeil à l'extérieur pour y découvrir ce qui ressemblait fortement à une université.

- Okay, so first of all, out of the three of us I'm probably the one who'd blend in the best in whatever university that is. Second of all, what are we doing here? And finally, third of all, and maybe the most important... UNIT activities have been suspended because of Brexit. Don't you guys know about that?.. It's been like... Months...

What?! - Quelques étudiants sursautent alors que je reviens vers la porte du local technique. - Suspended? - Un air outré passe sur mon visage avant que je tourne un regard agacé vers Spencer. - See. That's why I keep getting angry at your politicians. They're all dumb. - Fermer UNIT est une stupide erreur aux proportions galactiques. Qui va défendre la planète désormais? Torchwood? La dernière fois que j'ai eu à faire à eux, c'était un véritable bordel.

Naturellement, on nous regarde de travers. Pas que ça m'inquiète, mais nous n'avons pas de temps à perdre avec ce genre de choses. - Ok, new plan. - Je tend le stylo sonique à Adam. - Take this and walk around, but don't get to far. He'll find you. Bring him to the Tardis. - Mon regard se tourne ensuite vers Spencer. - You and I, we're going back inside getting up to date with that nonsense. - Et ni une ni deux, c'est ce que nous faisons. Les cerveaux carburant à toute allure déjà entrain de compiler les différentes raisons pour lesquelles UNIT aurait été fermé, je ne prends pas le temps, ni la peine, d'en dire plus à Adam avant de fermer la porte.

Obviously, they're not suspended. - Dis-je à l'attention de Spencer une fois dans le Tardis. - Or if they are, Kate has other plans. And if she didn't fight it on the public stage, it can't be good. - S'ils avaient rejeté la suspension, tout le processus aurait été ralentis. Pourtant, La base a déjà a été remplacée par une société en plein fonctionnement. On en viendrait même à se demander s'ils n'ont pas accéléré de vider les locaux pour disparaitre plus vite. - Hey, bring up everything you can about that UNIT suspension. - Dis-je l'attention du Tardis, cette fois. Immédiatement, et sans interruption, des dizaines de documents apparaissent sur le grand écran. Heureusement, le Tardis passe au second plan les bêtes mentions et se concentre sur les fichiers a fort potentiel d'utilité; et je lis vite. - See. Here. That doesn't add up. - Un ordre de déménagement de matériel avec une liste trop importante pour que soit une bête relocalisation de ressources. - It's dated before the suspension.

Si le professeur ne l'avait pas hurlé si fortement c'est probablement moi qui l'aurait fait. What!? Pourquoi est-ce que je ne suis pas au courant de tout ça? Pourquoi est-ce que nous n'étions pas au courant de ça? Pas possible de quitter 'le monde réel' quelque temps pour parcourir le temps et l'espace sans devoir se cogner le nez dans un tel mur en rentrant. Je me frotte le front, visiblement agacé par tout ceci et surtout par ce que ça implique pour moi. Si UNIT est ainsi en pause c'est que techniquement je ne devrais pas me trouver ici à faire ce que je fais, mais si Kate a besoin de me parler c'est qu'il y a peut-être plus à tout ceci. Forcément il doit y avoir plus à tout ceci. C'est en entendant le Professeur donner son stylo à Adam que je réalise qui il vient chercher. Super, j'aurai deux gamins à garder à l'oeil maintenant alors que je ne devais probablement plus rien faire pour ne rien compromettre autant pour moi que pour Kate. Je soupire et me frotte le visage en suivant le Professeur pour en effet au minimum essayer de comprendre ce qui s'est passé en notre absence. Adam a bien dit des mois non? « Forcément qu'elle a d'autres plans oui sinon elle n'aurait pas pris la peine d'envoyer ce message. Surtout que vous comprenez bien que si UNIT est en suspend ainsi je ne devrais pas être ici... »

Je le laisse demander au TARDIS de trouver tout ce qui concerne cette histoire vide de sens qui me laisse complètement sans mots, déjà qu'ils ne sont pas nombreux à s'extirper de mes lèvres en temps normal. Admirant les divers fichier et l'ordre de déménagement qu'il pointe du doigt. « Alors... soit ils ont vu venir tout ceci, soit il y a quelque chose que le grand publique n'a pas le droit de savoir. Vous croyez qu'une personne mal intentionnée a pu s'en prendre à eux? Il faudrait qu'elle ait un minimum de notoriété... » Et j'ai cette impression de dire n'importe quoi parce qu'assurément je n'ai pas la tête à penser. « Vous croyez que Zek pourra nous aider? Parce que c'est bien lui que vous allez chercher non? »

- Well don't get mad at me, I didn't vote for them...

Il haussa les épaules tout en répondant au Prof, c'est vrai que les abrutis au pouvoir ne faisait pas grand chose pour améliorer la situation. Quelque situation que ce soit d'ailleurs, et le Brexit avant une fâcheuse tendance à mettre les institutions sans-dessus dessous à tel point que les opérations de nombre d'entre elles se voyaient suspendue. Dont UNIT, ce qui était non seulement une idiotie monstre quand on savait un peu à quoi servait l'organisation, mais dans leur cas précis était encore moins arrangeant.

Il attrapa l'espèce de stylo que lui tendait le Professeur et acquiesça aux instructions de celui-ci, laissant ses deux compagnons de voyage regagner l'intérieur du placard qui hébergeait le TARDIS sous le regard interloqué de deux étudiants appuyées sur le mur d'en face.

- They're making out in there. Better not disturb them.

Il se mordit la lèvre pour s'empêcher de rire en voyant une des deux jeunes femmes virer rouge cramoisi, et commença à marcher le long du couloir tout en pressant le bouton à la surface du petit appareil qu'on lui avait confier, sans trop savoir ce qu'il devait en attendre...

Quatre allers-retours le long du couloir. C'est le temps qu'il lui fallut pour trouver la réponse à sa question. Il s'apprêtait à s'éloigner un peu plus à l'intérieur du bâtiment quand un type d'à peu près son âge déboula en face de lui, jetant immédiatement un coup d'oeil à l'appareil qui bourdonnait toujours dans sa main.

- Professor ?..

Ses sourcils se haussèrent. Son vis-à-vis était sûrement la personne que le Prof l'avait envoyé trouver, le fait qu'il l'appelle par le nom de l'alien était quelque peu déconcertant...

- Uh... No... Adam.

Les sourcils toujours un peu haussés, il rangea la raison de sa confusion dans  un coin de sa tête, catégorie "questions à poser plus tard" et fit un geste par dessus son épaule, en direction du milieu du couloir, tout en relâchant le bouton du stylo qui s'arrêta enfin de diffuser son sifflement continu.

- I think I'm supposed to bring you to him though? He said I'd found you with this...

Il fit demi-tour, jetant un coup d'oeil derrière lui pour s'assurer que l'autre le suivait bien.

- I can't tell you much more, he's in "this is an emergency, I'll explain later" kind of mood.

Ils regagnèrent rapidement le bout du couloir où se trouvait le placard et il se dirigea vers la porte, avant de se rendre compte que le duo féminin n'avait pas bougé, et qu'elle le regardait avec consternation en le voyant revenir vers l'espace de rangement avec encore un autre mec. Ouvrant le battant pour laisser passer le rouquin avant lui, il se contenta de leur adresser un petit sourire.

- You know what they say, the more, the merrier.

Puis il franchit le pas de la porte et disparu à l'intérieur.

À la suggestion de Spencer, mon regard fuit dans un flou bref avant de revenir aux textes défilant devant mes yeux. - Possible. Une force politique aurait pu forcer l'organisation à changer ses méthodes. Combattre le système dans lequel on existe est parfois plus facile de l'extérieur. - D'autres formulaires administratifs passent, aux dates incohérentes. - Ou même une question financière... - Marmonné-je dans ma barbe. - Vous croyez que Zek pourra nous aider? Parce que c'est bien lui que vous allez chercher non? - Je tourne la tête vers lui, peu surpris par sa déduction. - Zek aura tiré les informations de la micro-puce bien plus vite que si je devais bidouiller un appareil pour le faire. Cette lettre attend depuis déjà des mois. Autant ne pas gaspiller plus de temps.

Au bout du couloir, le tintement incessant du stylo sonique gagne à travers les murs de l'université et une tête rousse lève le nez, l'impression que ses cheveux viennent de se hérisser sur sa tête, comme secoué d'un choc électrique. - Professor?.. - Dit-il en voyant ce jeune homme tenant l'appareil. - Uh... No... Adam. - Ah. I'm Zek. - I think I'm supposed to bring you to him though? He said I'd found you with this... - It's more like me finding this, actually. But task accomplished, I guess. - Explique-t-il dans un sourire amusé, comme si Adam venait de réussir à casser des œufs sans crever les jaunes. Emboitant le pas du châtain, il resserre les bras autour de quelques bouquins sur la France du XVè siècles. - I can't tell you much more, he's in "this is an emergency, I'll explain later" kind of mood. - Oooooouh, I love it when he's like that! It's a game of finding out what he's thinking and you never hit it right. It's funny.

Pour autant, la situation parait plus inquiétante qu'amusante, et pourtant moins urgente que je le laisse paraitre. Ou l'est-elle vraiment? Ne pas savoir me dérange, comme toujours, et UNIT est un organisme trop important pour que ce genre de chose soit anodine. - Hey gorgeous! - Lance Zek en entrant dans le Tardis, toujours sur les pas d'Adam. Il jette son sac à dos et ses livres sur le canapé et rejoint la console. - Hello, you two. - Dit-il finalement à notre attention. - What is it? A prison to break in again? - Not this time. - Réponds-je en jetant un œil à Adam pour récupérer mon stylo. - UNIT closed shop, but we found evidence that there might be more to it than just budget cuts. - Je lui tends la carte postale. - Spencer received this. There's a micro-ship we can't read. - Well, that's boring. - Un regard sévère passe sur mon visage. - I didn't say I wasn't gonna do it. But you gotta admit, breaking into prisons is funnier.

Ni une ni deux, ses yeux habituellement marrons virent au vert clair alors qu'il établit le contact avec la micro-puce. Il ne lui faut qu'une demi seconde pour atteindre l'information, le reste de cette même seconde pour toucher l'écran de la console et transférer les données. - Told you - Lancé-je à Spencer, taquin. À l'écran, un schéma apparait. Des lignes bleues sur fond noir, entrecroisées aléatoirement. - There you go. It's just that. - Dit-il en revenant à lui, ses pupilles marrons à nouveau. Quelque peu décontenancé, il ne me faut pourtant pas longtemps pour tester une théorie. La photo sur la carte est une zone du Sud de Londres. - Find a match with a map of the city. Check the streets first. - Une image satellite de la ville apparait à l'écran, mouvante, et le schéma s'y superpose selon différents angles avant que l'image ne cesse de bouger. Un quartier auquel les différentes lignes semblent tout correspondre, malgré quelques différences. - Kate doesn't do approximations... Try the undergrounds - L'image change pour une carte plus schématique. Des lignes épaisses et d'autres fines. Un ensemble de galeries souterraines entre lignes de métros et égouts. Londres est un véritable gruyère. Au bout de quelques secondes, une correspondance parfaite est trouvée. Parmi les lignes, un rond parfait jure. Il correspond à une bouche d'égout. - Kate you clever girl. Set a course!

Sans prendre le temps de renvoyer Zek à ses cours, pris d'un large sourire, le Tardis se met à trembler. Le trajet est court, immédiat. Adieu placard d'entretien. Bonjour discrète ruelle du sud de Londres. Entre bennes à ordures et cartons abandonnés, la cabine rouge sombre se matérialise. Une alarme sonne. À l'écran, une alerte s'affiche. "Anomaly alert lvl 6". - Crap. There's a rift, down there. A bad one. - Par reflexe, je tourne la tête vers Spencer. Entre son entrainement terrestre et galactique, et son expérience de nos voyages, il sait certainement déjà la suite des festivités. - We're not taking the Tardis closer to that thing. Get your gear. We're going down.

Je me doute oui que Zek aura son utilité, mais je ne suis pas pour autant des plus emballé par l'idée de ce petit quatuor que nous devrons former pour mener à bien cette enquête sur ce qui a pu se passer. Je lui signifie donc simplement de la tête que je comprends la raison à tout ceci, pas que j'aie besoin de parler davantage de toute façon, et continue de fixer l'écran sans sourciller en entendant les deux plus jeunes arriver. Je garde simplement les bras croisé, écoutant la discussion entre le Professeur et Zek comme si peut-être oui ça pouvait nous apporter une quelconque forme d'illumination face à tout ceci. Je ne me retiens pas de lever les yeux au ciel aux propos du dernier arrivé. Forcément qu'il voulait encore s'infiltrer dans une prison. Où est le plaisir s'il ne risque pas de se mettre en danger et si je ne suis pas crispé au possible à essayer de garder tout le monde en vie, je me le demande. Je crispe les lèvres d'ailleurs lorsque le Professeur me rappelle comme c'était la meilleure option, ne disant toujours rien de plus en fixant les nouvelles données sur l'écran. Ce qui semble être un plan à en juger par les traits, mais un plan de quoi et surtout vers où? Des rues, des égouts, l'intérieur d'un bâtiment... Ça pourrait être tellement de choses. Les rues d'abord pour trouver une approximation, les égouts ensuite... et bingo.

Je me déplace lorsque le Tardis se met en mouvement, allant récupérer davantage d'armes dans mon sac pour la suite des choses. Il vaut mieux en avoir plus que pas assez même si mes poings peuvent amplement suffire désormais pour des situations si... humaines. Enfin, humaines jusqu'à preuve du contraire et le contraire ne tarde à arriver. Bien. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner? Je m'éclipse quelques minutes pour remonter dans ma chambre et prendre davantage que prévu puisque la situation le nécessite visiblement, laissant le temps au Professeur de briefer les deux autres entre temps au besoin ou pas. Je sais que dans tous les cas nous ne pouvons pas réellement planifier en avance ce qui se passera là-bas et c'est bien ça tout le soucis de la situation avec Adam et Zek présents.

C'est d'ailleurs vers eux que je me dirige lorsque je reviens, les fixant à tour de rôle de ce sérieux dont je ne démord jamais. « Don't do anything stupid, just do as your told and don't get us killed ok? You should stay here but I know you won't so... Don't do anything stupid is really the only thing to remember. » Comme si ça allait les empêcher de le faire... Au moins j'aurai la bonne conscience de leur avoir demandé. « We're ready? »

Zek n'était pas ce à quoi il s'était attendu lorsque le Prof l'avait envoyé cherché quelqu'un à coup de stylo bruyant, mais après seulement quelques phrases échangées, il sentait que c'était définitivement le genre de personne avec qui il pourrait s'entendre. Le rouquin rentra rapidement dans le Tardis, y trouvant ses marques comme s'il y avait déjà passé un temps considérable... A croire que le propriétaire du vaisseau accueillait tous les jeunes sortant de l'ordinaire qui croisaientt son chemin... Et Zek semblait appartenir lui aussi à cette catégorie. Ses yeux prirent une teinte artificielle alors qu'il semblait décrypter la puce trouvée dans le timbre d'un simple toucher. L'information fut vite récupérée par le Professeur, qui s'empressa de lancer le Tardis vers la localisation ainsi découverte. Localisation qui, à en croire le Prof, hébergeait une faille.

- Okay, rift as in time rift I suppose? So that's a thing that happens. Cool.

Et probablement dangereux, il commençait à s'habituer à cette notion... Spencer disparut dans les tréfonds du Tardis pour aller chercher son équipement, et il resta avec le prof et Zek dans la salle de la console pendant quelques minutes.

- So we're going down the tunnels full of... We-don't-know-exactly-what, and weird, possibly life-threatening time shit. Spencer has weapons, Zek apparently has some kind of tech powers, and I just get what? Time anxiety and voices in my head? You know, I love going on adventures with you but sometimes it feels a little bit unfair. Do you keep me around just to be pretty ?

Il s'agissait plus d'un trait d'humour pour détendre l'atmosphère et passer le temps en attendant le retour de Spencer que d'autre chose, mais il y avait également une part de vérité dans ses mots. S'il commençait réellement à apprécier les rebondissements qui rendaient les voyages avec le Professeur parfois chaotiques, il se sentait souvent inutile dans les situations de crise, dès lors qu'elle ne touchaient pas au domaine tout de même assez restraint de ses compétences...

Le major O'Donney finit par revenir de sa chambre, parfaitement équipé pour tout genre de situation qui pourrait leur tomber dessus, et ils commencèrent à se diriger vers la porte du Tardis. Spencer en profita pour adresser un avertissement à son égard et celui de Zek.

- You know, you don't have to be so grumpy and guarded all the time. I know to stay out of danger as best I can and try to help whenever I'm able to. You should know by now it's not like me to do things that are too stupid. You don't have to mom me, or scold me down every time we face a situation like this. I got that you're not the type to trust easily, but I don't think I've given you any reason to believe I would willingly put any of us in danger, right?..

Sa voix devait sonner un peu sèche, mais il avait compris depuis un moment que les voyages à bord du Tardis étaient synonymes de ce genre d'événements, et qu'il n'était pas forcément la personne la plus à même d'aider à les résoudre. Pour autant, l'attitude constamment méfiante et sévère de Spencer commençait à parfois à le faire grincer des dents, et il n'était pas non plus du genre à se laisser marcher sur le pieds sans jamais rien dire.

Son point de vue exprimé, il finit donc de se diriger vers la porte du Tardis, et sorti rapidement de la cabine rouge pour rejoindre l'extérieur.

Le Tardis a tout juste le temps de faire trembler son univers que Spencer s'éclipse dans les escaliers, tout juste décontenancé par les vibrations. On s'y habitue. Et puis, il n'y a bien que le Docteur pour piloter un Tardis comme un train en chute libre. Les moments où le mien secoue sont rares, et rarement de bon augure. - Okay, rift as in time rift I suppose? So that's a thing that happens. Cool. - In time, space, mind, universe, reality... could be a number of things. - Dis-je distraitement, étudiant les plans des souterrains. C'est quand il commence à parler plus longuement que je me détourne de l'écran, entendant autant l'humour que le sérieux dans sa voix. - .... I love going on adventures with you but sometimes it feels a little bit unfair. Do you keep me around just to be pretty ? - I mean, he wouldn't be wrong. - Je lui lance un regard appuyé. Il hausse les épaules d'un air de dire "Moi je dis ça, je dis rien". - We don't even know if they're full of anything at this point. Maybe there's a hole in the fabric of reality, or maybe it's an invasion portal. We don't know. I would argue you two should stay here, for safety, but I know better.

Jetant un dernier regard à l'écran, je me rapproche de la console et appui sur quelques boutons. Après quelques secondes, deux cubes se détachent du mur et flottent jusqu'à la plateforme avant de se poser sur la table basse. - Zek, your stuff is on the left. Adam, I brought up from the dressing room some standard gear. - Nous nous approchons et j'ouvre le cube d'une pression sur le dessus. La plaque coulisse, révélant un triangle luisant gris, ce qui ressemble à une pièce de monnaie noire, et un petit pistolet aux airs de jouets pour enfant. - Put the triangle on your sternum, it'll deploy a light armor above your clothes, as well as a personal force field to shield you from low energy weaponry. The coin goes behind your ear, it'll activate automatically if we end up in a non breathable area. It also serve as comms. And this is a training handgun that I modified to shoot real energy blasts. Low setback, assisted aim, not lethal. It takes a few shots to incapacitate a adult human being, but hopefully you won't have to use it.

Spencer revient, totalement équipé, pendant que les garçons se préparent. Zek, de son côté, a un équipement similaire. Si l'armure d'Adam est noire, la sienne est grise claire, bien plus proche du corps pour une aisance dans les mouvements, et vient avec un écran à l'intérieur de son avant-bras lui permettant de contrôler de petits drones de la tailles de moineaux, stockés dans son dos. Il n'a pas d'armes sinon un système d'électrocution, notamment le bout de ses doigts, mais pas que.
Alors qu'ils migrent tous vers la sortie, je me prépare moi-même en écoutant d'une oreille Spencer donner ses recommandations et Adam lui répondre. Je sais Spencer surprotecteur, probablement parce que malgré son entrainement, il sait à quel point l'univers est vaste et dangereux, et peut-être transfère-t-il ses peurs sur nous, mais il n'a pas tort dans le fond. Et puis, il est un soldat. Une escouade ne sort jamais sans les recommandations d'usages. D'un autre côté il est vrai qu'Adam n'a jamais rien fait qui mérite une telle suspicion. Je suppose que Spencer devrait essayer de ne pas transformer son besoin de protéger en paranoïa.

Lorsque nous sortons enfin du Tardis, une bracelet technologique orange encercle mon poignet, un patch noir similaire aux autres marque ma nuque et un blouson noir couvre mes épaules. Difficile d'ignorer la tension dans l'air entre les trois autres, même si l'esprit de Zek flotte un peu au-dessus de tout ça, comme d'habitude. M'assurant de bien fermer la porte, je m'adresse au Tardis. - Fly away. I don't want you near that thing. If I need you, I'll call. - Et après un grognement provenant des tréfonds des machines, le Tardis lance sa dématérialisation. Quelques secondes plus tard, le vent retombe et nous sommes seuls dans la ruelle, autour de la bouche d'égout. - We don't know what's beneath us, so lets all be carefull. - Dis-je avant de lancer un regard à Spencer pour qu'il m'aide à soulever la plaque ronde de la bouche d'égout. La pénombre en-dessous est épaisse et une odeur étouffante remonte. - You two always stay in sight. Zek, send a drone do some reconnaissance. Full spectrum analysis. - Sans se faire prier, une petite sphère comme une boulle de verre remplie de fumée grise s'extirpe de son dos et s'enfonce dans la pénombre. Il ne suffit que quelques secondes pour que les résultats n'arrivent. - No dangerous radiations and some tachyon readings. Breathable air, kinda, but it stinks. But the first tunnel seems empty. - Ok then. Spence, ready when you are. - Il passe en premier. Il passe toujours en premier.

Les paroles d'Adam me font hausser un sourcil, mais surtout me rappeler l'épisode du train que je ne juge pas bon de mentionner dans le moment présent malgré la pensée effleurant mon esprit. Le but n'est pas que nous sortions tous de cet endroit à cran les uns contre les autres, mais bien que nous soyons prêts à toute éventualité et surtout prêts à nous protéger l'un l'autre car là est la base même d'une équipe. Et même si oui, je sais mes commentaires être une simple base fondamentale, je veux simplement leur faire un rappel de cette base afin qu'un regard dans ma direction leur rappelle ces paroles. Adam est un civil, Zek un être particulier qui reste un civil également. Beaucoup de choses peuvent se dérouler et les mettre en danger. Des situations où même moi j'ai eu du mal à me relever et continuer de me défendre correctement. J'en ai bavé plus d'une fois en étant entraîné, et même si oui maintenant je le suis davantage, le risque reste. Alors pour eux qui ne le sont pas... le moindre faux pas peux faire dégénérer tout le reste. La prudence ne règle pas tout, la volonté d'être prudent non plus, et je crois qu'ils n'ont simplement pas la moindre idée de ce qui peut nous tomber sur le nez. Avoir le corps de deux civils sur la conscience n'est pas dans ma liste de choses à accomplir. « It's not only about trust. I can see you're not a threat Adam and that you really want to help and do this. But you don't have any professionnal training and that training is what matter when you're in a situation of life or death because it makes you think the right way, not the way that's gonna make everything worst because you follow your guts and they're wrong. You might think you'll do the right thing, but there's a 90% chance you won't and not because you'll want to. Just because that's what your bain will tell you to do. So no, I'm not your mom, but it's my job to take you back home safe and I know what I'm doing so just listen. »

On peut demander à n'importe quelle personne 'que feras-tu si tu as une arme pointée sur toi' et chaque personne pourra avoir sa propre version de la chose basée sur ce qu'elle voudrait pouvoir faire ou ce qu'elle a vu dans un film ou un tutoriel quelconque et se sent en mesure de faire, mais la réalité est toute autre. La réalité est que lorsque notre vie est en danger, nous agissons parfois sans réfléchir et nous ne savons pas vraiment comment nous allons réagir. Mon cerveau a été modelé pour que mes réflexes soit calculés, depuis des années, et là est vraiment le point. Pour le reste... sans doute devrais-je prendre le temps de les entraîner si vraiment toutes ces missions en leur compagnie doivent se poursuivre. J'espère simplement avoir correctement exprimé pourquoi je les materne à ce point avant de me diriger vers la sortie du Tardis pour que nous puissions voir de quoi il retourne. Et bien vite, nous sommes seuls avec peu importe ce que ce sera, le Tardis disparaissant.

Je suis le Professeur pour l'aider à soulever la plaque au sol, plissant les narines à l'odeur. Et bien, cette fois nous pourrons réellement dire être dans la merde. Nous attendons le retour de la sphère s'engouffrant dans la pénombre avant de finalement nous y lancer. Je sors un bâton lumineux de ma poche, beaucoup moins visible qu'une lampe torche, et le craque avant de le glisser entre mes dents pour descendre à l'intérieur des égouts. Je le prends ensuite dans mes mains, observant les environs, avant de leur faire signe de descendre. Crier raisonnerait de trop et peu importe ce qu'il y a ici nous ne voulons pas l'alerter. J'attends ensuite que tout le monde soit là, leur donnant des bâtons aussi, avant de jeter un regard au Professeur puis m'avancer prudemment.