Where did I put it... - Un chiffon vole. Et puis un boulon. Et puis un autre, de la taille d'une carafe. Et puis le tiroir entier. - See. That's what happen when you let other people make a mess... - Tant pis pour ce tiroir. Peut-être sous la console? Je vais fouiller aussi. Mais avant ça, je me redresse. Spencer est entrain de charger ses affaires. - Did you see a fountain pen? Golden and black. With a pointy blue top. Raaah...

Posé sur la console dans un équilibre très relatif, mon bracelet sonique est totalement éventré. Un câble ici, une pièce là, quelques circuits imprimés complètements démontés. Mon aventure avec Adam n'a pas été tendre avec lui. En fait, la sphère et la boucle, surtout. Complètement grillé. Mort. Caput. J'ai encore la marque de brûlure sur mon poignet.

Je me penche en avant. Passe la tête sous la console et... - Ah bah oui. Non. - J'avais oublié. Cette console n'a pas de socle. Seulement une structure métallique qui la maintient en l'air. Au dessus comme en dessous, il n'y a que le faisceau lumineux, stable et régulier. Et en me redressant, je m'adresse directement à lui. - Ok, stop kidding around. You know where it is. - La soufflerie émet un son. - Can't go out naked, can I now! - Une série de bruits électroniques blasés se manifestent. Une trappe apparaît dans la paroi, à côté de la porte. Et je m'y dirige, croisant Spencer au passage. - Sorry. Coming Through.

La trappe ouverte donne sur une petite case, et à l'intérieur, ce que je cherche. - Ha! Thank you! - Je me saisis du stylo à plume, l'air victorieux. - Sonic fountain pen! - Structure métallique. Coque sombre aux motifs dorés. Embout pointu, en forme de plume, mais émoussé et parcouru de lignes bleus. Une pression sur le bouton, et une lumière vive s'échappe des lignes et de la pointe entière, alors qu'un son familier s'élève. - Next best thing after my bracelet. My Fourth face used it, before I switched to the pointer. - Je fourre le stylo dans ma poche intérieur et revient vers la console. - A shame I lost it in that volcano... - Quelques boutons pressés. Quelques instruments vérifiés. Je lève enfin la tête vers Spencer. - So? Ready to go? We have one stop to make.

Je peine à déterminer ce qui me semble le plus anodin désormais. Passer quelques jours sur Terre afin de me retrouver ne serait-ce que quelques heures dans mes affaires ou en compagnie de quelques visages familiers ou plutôt le fait de passer quelques jours dans l'espace à poser le regard sur des éléments plus qu’inattendu et frôler la mort comme si ce n'était qu'une vilaine habitude dont je n'arrivais pas à me débarrasser. C'est dire comme le temps a passé depuis que j'ai sauté pieds joints dans cette aventure, cette mission, qui m'a fait évoluer bien davantage que tous les entrainements que j'ai pu réaliser et que je m'évertue pourtant à religieusement effectuer chaque fois que je retrouve le confort de mon petit appartement si froid et vide en mon absence. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait durant mon temps passé dans mes affaires, après avoir couvert les bases des rapports et autres détails à régler sur la base bien évidemment. Frapper encore et encore à en suer la moindre once d'émotion négative que j'aurais pu refouler au cours des dernières semaines passées loin de ma normalité. Simplement un peu de temps pour penser, me ressourcer et retrouver ma détermination habituelle de continuer. Le psy semblait dire que c'était important, de passer une nuit dans mon lit de temps en temps à entendre le bruit des voitures et des chamailleries de mes voisins et ainsi garder les pieds sur terre loin des étoiles et ce qui vient avec. Ce que je fais donc, simplement pour ne pas me retrouver dans son bureau à nouveau depuis que j'ai pu y échapper au cours de la dernière année et demi.

« Fountain pen? I... don't think so no. » Comment lui dire de toute façon qu'entre la chambre de mon appartement et celle où je pose mes affaires dans cette boîte de conserve plus grande qu'elle ne le semble je préfère presque le calme que cette dernière m'offre? Comment lui dire que j'ai pris l'habitude de laisser les muscles de mon corps se tendre de cette adrénaline ne cessant de s’immiscer en chacune de mes veines dès lors que la porte s'ouvrira sur un nouveau monde et que je ne pourrais plus me passer de ce rush? Comment éviter qu'il ne me croit devenir complètement fou et déconnecté de la réalité si je lui avoue qu'en un sens ces aliens me semblent tous bien davantage sympathiques que ces imbéciles humains plus que normaux que j'ai croisé trop souvent dans ma vie? Je ne le pouvais pas, voilà tout.

Deux jours presque de trop passés loin du Tardis dans lequel je pose mes sacs avant de retourner près du Professeur pour voir s'il a trouvé le dit stylo qu'il semblait chercher. Ce qui semble être le cas. « Yeah, ready. » Que je lâche en m'appuyant non loin, pas totalement prêt à voir ce Adam dont il m'a parlé et qui devra faire voyage avec nous. Il a bien vu mon comportement avec Zek de toute façon alors il sait à quoi s'attendre de ma part sur ce point. Inconnu égal toujours temps d'observation nécessaire...

Les sacs de Spencer se retrouvent entassés, mais alignés, sur le canapé, pendant que je retrouve mon fameux stylo sonique. - So? Ready to go? We have one stop to make. - Yeah, ready. - In that case... - D'un geste de la main, je referme la porte qui claque doucement. D'une pression sur l'écran tactile, je tire le levier virtuel qui lance la procédure de décollage. Le son caractéristique du TARDIS s'élève alors. Les coordonnées sont déjà entrées. Le voyage est court. Bref. Quasiment un souffle. Après tout, nous n'allons pas si loin. - Now, you behave. Let's not make your reaction to Zek a habit. - Dis-je en me dirigeant vers la porte. - Be nice, or you're grounded. - Et j'ouvre. Et lorsque j'ouvre, une autre porte, en bois, me fait face. Alors je l'ouvre aussi. Et de l'autre côté, une grande salle.

Adam? - Un pas dehors. Un pas dedans. J'ai garé le Tardis contre la porte d'un placard. Enfin, j'espère que c'est un placard. Et que je ne me suis pas posé sur quelque chose. - Ad... Ah, te voilà.

Tout est bon pour vous ? On devrait pas trop trainer, je préférerais éviter de me faire virer pour avoir fait s'introduire quelqu'un d'extérieur au staff dans... Ben, les salles réservées au staff. - Du coup avoir fait apparaître une cabine téléphonique entière, ça ne les choquera pas? Seulement ma présence? - Je fais un pas de côté pour le laisser entrer. - Ne t'inquiètes pas, on sera vite partis.

Et aussitôt Adam dans la cabine, je lui emboîte le pas et ferme la porte. Lui passant devant, je me dépêche de rejoindre la console et relance les machines pour décoller immédiatement. J'avais beau plaisanter, je ne tiens pas non plus à lui attirer des ennuis. Le TARDIS a beau être discret, une cabine rouge dans une petite réserve de café aura du mal à passer inaperçu.

Tu peux poser ça sur le canapé. - Lancé-je à Adam avant de lever la tête. J'ai oublié un truc. Mon regard se pose sur Spence, et là je me souviens. - Ah, oui, pardon. Spencer, voici Adam. Adam, Spencer. Dites vous bonjour pendant que je calibre notre trajet.

Je n'ai pu retenir un haussement de sourcil à son commentaire sur la façon que j'ai eu d'agir avec Zek. À quoi est-ce qu'il s'attend de la part d'un militaire? Que je saute sur la moindre nouvelle personne dans mon environnement comme un chien dans l'urgence de lui sentir le derrière pour faire connaissance? Sans moi merci bien. Même cette année que j'ai passé à m'entrainer de façon plus approfondie avec des êtres à la physionomie parfois plus qu'impressionnante n'a pas eu raison de ce côté asocial qui me colle à la peau. Certes, j'arrive à parler et développer sur un sujet quelconque, mais il me faut et me faudra toujours un certain temps avant de baisser ma garde naturelle au profit d'une expression moins rigide et ce Adam ne fera pas exception à la règle. J'attends donc, les bras croisés dans un coin, que le trajet se réalise et que le Professeur ait chercher ce nouveau compagnon qu'il a imposé plus que proposé, mais que puis-je y faire de toute façon? Je ne suis que la baby-sitter moi. Je l'observe entrer d'un pas pressé, le Professeur semblant visiblement d'accord avec son commentaire à voir la rapidité avec laquelle il retrouve sa console pour nous lancer je ne sais où.

Le laissant à sa navigation, nous ayant brièvement présenté, je me dirige vers ce Adam pour lui tendre la main en essayant d'avoir un minimum de civilité. « Bienvenue dans l'équipe. » Et qu'il ne me dise pas que je ne fais pas d'effort même si je sais que les jours à suivre je ne pourrai m'empêcher d'analyser l'attitude de celui semblant d'un âge acceptable pour les balades dans l'espace. Je ne crois pas que j'aurais survécu à un autre gamin comme Zek. « Alors, hâte de commencer ton exploration? »

Je garde un œil sur eux, incapable de m'en empêcher. Au moins, Spencer a fait un effort. Ça aurait pu être pire. Et Adam garde la tête haute fasse au militaire mal léché. Une dynamique qui m'amuse, intérieurement. Loin de moi la volonté de le montrer. Je suis de toute façon trop occupé avec mes leviers et mes boutons.

Et du coup ? Vous nous emmenez où ce coup-ci ? - Un sourire glisse sur mes lèvres. Nous sommes déjà en vol, le trajet ne devrait pas prendre une éternité. - Pas très loin. - Dis-je en activant le grand écran. - Locomotive à combustion de Listine. Sept wagons. Des passagers venant des trois systèmes de la région de Do'r. - À l'écran se dessine un train aux allures des machines du XIXe siècle. Un dessin schématiques de lignes blanches sur un fond bleu nuit. - Je vous présente l'... - Le TARDIS vorpe. Le tambour tonne. Le son tonitruant d'une locomotive se fait entendre. - L'Orient Express.

De quelques mouvements brusques, parce que j'étais trop occupé à présenter le train, je stabilise le vaisseau. - Enfin, sa huitième version. - L'image à l'écran change pour montrer le train dans son apparence plus réaliste. - Les Targaniens ont exporté le concept depuis des registres humains et ont reproduit le train de la Terre. Il fait le tour des trois systèmes solaires. Une croisière spatiale de luxe, à bord d'un train emblématique. - D'une pression sur un bouton, je désactive la projection à l'écran et relève le regard vers eux. - Je nous ai réservé des cabines pour la nuit. De quoi profiter du voyage jusqu'au système Targanien et s'envoler au débarquement. - Restauration exotique et délicieuse. Paysage à couper le souffle...

Par contre, il va falloir vous changer. On ne peut décemment pas arriver-là en sweat-à-capuche et t-shirts. - Moi y compris. Le style terrien du XXIè siècle n'a rien à voir avec celui de ce train. - Chemises et costumes. Noeuds papillons si vous voulez être cools. - Je lève le regard vers l'une des passerelles et reviens à eux. - Spencer, tu connais le chemin jusqu'au placard. Allez vous habiller. Vu l'heure, on devrait arriver pile à temps pour l'apéritif devant la procession des météorites miroir. Mais ne traînez pas trop. Ce serait dommage de les rater.

Continuer son exploration oui... Je me demandais bien d'ailleurs combien de temps ils avaient réellement passé ensemble à explorer un endroit ou un autre de ce vaste univers. Après tout, j'étais plus que bien placé pour savoir qu'il était possible de faire passer des années en une minute ailleurs, qu'ils auraient pu être partis durant des mois sans que je ne sois au courant. J'étais bien moi-même parti une année entière dans ce camp d'entrainement, mais pas plus longtemps que d'habitude pour faire mes rapports et autres tâches. Me le dirait-il réellement, le Professeur, si je lui posais la question ou se contenterait-il des réponses qu'il m'a déjà donné pour ne pas devoir encaisser ma répartie de parent devant son enfant si j'apprenais qu'il était parti plus longtemps qu'il le prétendait, sans moi, alors que je dois surveiller ses miches suicidaires? Sans doute que nous ne le saurons jamais. Je croise les bras de nouveau, acquiesçant à la question d'Adam qui me semblait en effet être dans la suite logique du raisonnement. Le Professeur sourit, forcément, de ce sourire impliquant son lot de 'ce sera amusant vous allez voir' et 'je suis si fier de mon choix de destination'. Ce sourire que j'avais vu s'afficher tant de fois sur ses lèvres que j'avais arrêtez de me tracasser avec le fait que dans tous les cas nous allons finir par nous attirer des ennuis. Je commençais à en avoir l'habitude depuis le temps et c'était précisément la raison pour laquelle j'avais passé cette année avec mon lot d'aliens, pour être prêt à tout davantage que je ne l'étais.

Je l'écoute donc présenter une locomotive remplie d'aliens, haussant un sourcil en l'entendant parler de l'Orient Express que le son faisant écho dans le Tardis rend déjà plus vrai que nature. Un train volant dans l'espace... Des heures de plaisir en perspective. Davantage encore lorsque je l'entends mentionner la tenue réglementaire qui n'est assurément pas dans mes favorites. D'abord parce que ma vie entière se traduit par le fait de me salir pour un tout et un rien en roulant, poussant, m'appuyant, etc. et aussi parce qu'il n'y a rien de moins fluide pour les mouvements qu'un costume. C'est bien joli dans les films d'action, mais la réalité est loin d'être un film où je peux simplement reprendre la scène si je suis coincé en essayant d'enlever mon veston. Alors je soupire, un peu, acquiesçant tout de même de la tête lorsqu'il sous-entends que je dois guider notre nouveau compagnon de voyage jusqu'au placard. N'y a-t-il vraiment encore été? Serait-il possible que non ils ne se connaissent réellement pas encore à ce point? Pourquoi lui avoir demandé de venir dans ce cas?

« Viens, je vais te montrer. » Que je lance finalement à Adam avant de me diriger vers l'escalier, le couloir, puis finalement la plateforme donnant assurément une vue impressionnante de la quantité phénoménale de vêtements qui ferait s'évanouir toute vedette croyant avoir un énorme lot dans sa maison. Je m'approche de la tablette, écrivant simplement 'Terre 2019' où nous devrions être plus qu'aptes à trouver des complets. « Cette tablette sera ton meilleur ami dans cet endroit. » J'observe le dressing se mettre en action et attend que les vêtements familiers se stoppent devant nous pour m'y diriger et en sortir un complet noir tout ce qu'il y a de plus basique. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? « Ça te plait, voyager avec le Professeur? » J'imagine que oui, sinon il ne serait pas ici, mais je vais encore me faire considérer comme un sauvage si je n'entretient pas un minimum de conversation pendant que nous prenons le temps de nous changer.

Un début un peu mouvementé, c'est le choix de mots qu'il a employé pour décrire les premières aventures qu'il a eu avec ce cher Professeur et je dois dire que ça ne m'étonne pas réellement. Quand est-ce que nous avons réellement fait quelque chose qui n'était pas mouvementé? Quand nous sommes allés au Spa il y a plus d'un an? C'est précisément la raison pour laquelle je dois être avec lui, il a ce don assuré de se mettre dans le pétrin, ou de m'y plonger tout dépendant les circonstances. Et cet Adam, qu'est-il réellement? Un simple employé dans une boutique? As-t-il une quelconque forme de connaissances en combat? En analyse? Est-il en mesure de hacker des ordinateurs? As-t-il une quelconque forme de capacité pouvait leur permettre de s'échapper d'une situation à risque? Pas de ce que j'en ai vu pour le moment, même si notre rencontre est encore très récente. Le Professeur a réellement trouvé prudent d'apporter avec lui un humain tout de qu'il y a de plus basique dans l'espace sans que je ne sois présent? Ça en est presque décourageant. « J'espère que tu ne seras pas déçu dans ce cas. » Que je réponds sans lui rendre son sourire, parce que sourire n'est pas dans mes habitudes de toute façon. Le reste, je le garde pour moi pour le moment, attendant tout de même de voir ce qu'il en est réellement. Puisque même si je m'avoue sans peine septique face à la situation, je suis pour laisser la chance au coureur et lui laisser le loisir de s'améliorer si l'effort y est réellement. Ça me fait tout de même presque espérer qu'on rencontrera un soucis sur ce train, ce qui va forcément arriver. On parle tout de même d'une aventure avec le Professeur.

Retirant ma veste et mon tee-shirt à mon tour, je pose le tout avant de prendre la chemise noir de mon ensemble et l'enfiler. Hors de question que je porte du blanc. « Ça fait un peu plus de deux ans que je voyage avec lui. » Ça aurait pu être moins, mais le Tardis a un don tout particulier pour me sauver d'une mort certaine. « Disons que nous sommes... compagnons de voyage plus qu'autre chose. C'est mon travail de rester avec lui, le sien de me supporter j'imagine. » Et j'en reste au stricte minimum, je ne le connais pas ce petit après tout. Je l'observe se diriger vers les cabines d'essayage, ne m'encombrant pas de cette formalité puisque je suis désormais seul dans l'immensité du dressing. Je retire donc mon pantalon, enfilant le noir du complet avec une ceinture pour finalement poser le veston tout aussi noir sur mes épaules. On croirait presque que je vais à des funérailles. Je soupire, l'entendant mentionner qu'il a presque terminé de son côté alors que je vais scruter les nœuds papillon à disposition. Pas de noir, pas de blanc, pas de... oh. Ce serait parfait ça. Non conventionnel, cassant à merveille le trop morne de mon ensemble que j'apprécie pourtant comme ça, j'enfile un nœud papillon et des boutons de manchette en bois. Pas besoin de me casser la tête pour attacher cette chose que je ne sais jamais comment nouer de toute façon. « J'ai terminé. Je t'attends avant de partir. »

Viens, je vais te montrer. - Je les regarde partir du coin de l’œil, curieux, mais pas au point de les espionner. Je saurais comment ce premier moment seuls s'est passé à leurs visages, lorsqu'ils reviendraient. Lorsqu'ils disparaissent dans l'escalier, d'ailleurs, je me reconcentre sur la console. Un scan rapide des environs m'indique que nous sommes bien dans le train, ou en tout cas, un train. Il y a plusieurs signes de vie, mais je ne prends pas la panne de pousser plus loin. Au lieu de ça, je monte quelques marches vers l'étage avant de m'interrompre. Lever les yeux vers le plafond, puis vers le néant artificielle. - Sneaky bastard. - Lâché-je dans un sourire, avant de redrescendre.

J'emprunte l'une des passerelles et m'enfonce dans la noirceur quelques secondes, avant d'aboutir à une arche dans une paroi. Une issue dans un énième couloir, qui mène à une série de portes. Je passe les laboratoires, le nightclub et quelques portes bleus avant de trouver une rouge au milieu. Et mon regard se porte vers celle qui clôt la galerie de métal. Grise. - Not cool, mate. - Lâché-je dans un soupir court, avant de pousser la rouge. Ma chambre. Un lit, un fauteuil, une large vitre cachée par un rideau épais. Un crochet à manteau contre le mur, et je tire dessus. Un bloc entier du mur coulisse, comme s'il ne pesait que le poids d'une plume. Il s'extirpe de la paroi jusqu'à atteindre l'autre mur, révélant une longue barre de suspension sur laquelle se balancent une multitude de vêtements. Un balayage rapide du regard et j'attrape l'une des cintres, que je jette sur le lit, ainsi qu'une boite noire, une boite grise plus grande, et enfin une paire de chaussettes. Très important. J'ai bien précisé à Adam d'en prendre.

Le bloc retourne dans le mur, aussi silencieux que la mort, et je commence à me changer. T-shirt gris, veste noire et jean noir se retrouvent en boule dans un coin. Les chaussures que je portais, balancées avec hasard avant d'être rejointes par mes chaussettes en boule. Je troque ça contre une chemise blanche et un pantalon bleu. M'asseoir pour enfiler chaussettes noires et chaussures en cuir marrons. La dernière étape revient à passer la veste assortie au pantalon. Dans une illumination, je me souviens avoir oublié mon sonique dans mes fringues et vais fouiller le tas de tissus jusqu'à le trouver. Et enfin, j'ouvre la petite boite noire, prend son contenu, et sort.
Lorsque j'arrive sur la plateforme de la console, Adam et Spencer sont déjà-là. Et je noue un nœud-papillon marron, de la même teinte que les chaussures, tout en marchant. - Fancy. - Lâché-je dans un sourire. Le militaire porte un sobre complet noir, sans surprise, même si le nœud papillon en bois est une touche amusante. Adam, plus moderne et peut-être plus joueur, a choisi une tenue moins classique, mais pas moins sympathique. Lui aussi, a passé un nœud autour de son cou. - Team bowties. We're the cool guys.

En ayant d'ailleurs fini avec le mien, je me dirige vers la plateforme de repos et ouvre le tiroir du petit meuble pour en sortir trois petites plaques de plastique. Même si on dirait du verre. Et le texte y semble incrusté. - Vos billets. - Dis-je en leur donnant chacun l'une des plaques. - Ne les perdez pas. Vous avez accès à absolument tout le train, à part les zones réservées au staff, bien sûr. Et ils indiquent votre numéro de cabine. - 6-7 pour moi. 6-6 pour Adam et 6-5 pour Spencer. Le dernier wagon avant le wagon soute. - Et si vous vous perdez, il vous suffit de presser le petit cercle blanc de l'angle entre vos doigts. Il y a un plan holographique intégré dans le billet, mais c'est un environnement fermé. Aucune raison de vous perdre. - Ceci fait, je vérifie mes poches et glisse mon billet avec mon sonique, dans la poche intérieure de ma veste, avant de tendre le bras vers la porte. - À vous l'honneur. Je nous ai garé dans le wagon soute. Question de discrétion. La porte d'accès devrait se trouver un peu plus lien. - Je les laisse passer devant et jette un dernier coup d’œil à la console avant de leur emboîter le pas. - Have fun, I guess.

« Les grand mystères du Tardis. » Que je réponds simplement lorsqu'il me demande si les vêtements qu'il a choisi sont formés d'un tissu intelligent, reprenant ensuite le trajet en sens inverse pour retrouver le Professeur que j'imagine également s'être changé entre temps. Ça ou il a jugé bon de s’éclipser et nous laisser seuls tous les deux afin que le silence régnant entre nous depuis notre départ du dressing subsiste encore un peu. Nous aurions sans doute pu parler, mais j'ai toujours été un homme d'action bien davantage qu'un homme de paroles. Je savais donc que, peu importe les questions que je pourrais poser à Adam, ce qui m'importerait réellement au final c'est sa façon d'agir sur le terrain. En mots, nous pouvons être tant de choses, mais en pratique c'est toujours l'instinct primaire qui prend le dessus et la véritable nature qui s'affirme. Heureusement, le Professeur ne tarde pas à faire son retour, vêtu d'un habits tout aussi de circonstance que les nôtres même si entre nous trois il est plus qu'évident de voir que nos goûts ne se placent pas du tout dans la même gamme. « I guess so. » Cool n'est pas vraiment le terme que j'aurais employé, mais si ça peut lui faire plaisir. Je l'observe aller chercher trois petites plaques qu'il nous présente comme étant les billets, précieux billets nous ouvrant toutes les portes que je place dans la poche intérieure de mon veston pour moins de risques de le perdre. Bien... Allons voir ce qui va mal tourner dans ce train.

Je sors le premier, ayant depuis longtemps passé l'étape de 'laissons l'humain derrière' en ce qui me concerne. Replaçant déjà mon veston et ma chemise dessous, faute de confort. Jusqu'à maintenant tout va bien au niveau de la soute, mais je prends tout de même le temps de faire un petit tour rapide le temps que le Professeur et Adam y soient à leur tour. Appréciant toujours connaître au mieux mon environnement afin de savoir où sont les échappatoires potentiels. « Et maintenant? » Que je lance en scrutant toujours l'endroit. Maintenant quoi? On mange, on profite, on dort?

Spencer passe devant, en éclaireur, comme d'habitude. Et Adam le suit. Je sors le dernier, refermant la porte rouge dans un grincement discret. Autour de nous, rien de bien extraordinaire. Les bagages s'empilent, empêchés de tomber à la moindre secousse par des filets électromagnétiques. On dirait des filets, à part que les cordes sont translucides et bleues. Et enfin, les parois, trouées d'épaisses vitres laissant voir l'extérieur. Étrange, on aurait pensé qu'une soute n'aurait pas besoin de ça. Peut-être ont-ils recyclé un wagon de plaisance? Peu importe. Les vitres sont aussi solide que le reste du métal, de toute façon. - So... Space. Replica of a Nineteenth Century train. But what year is this? - Hmm... - Je lève légèrement la tête et renifle à plein poumon. Mes narines, naturellement, s'élargissent exagérément. - Fort parfum d'Ekolm avec un soupçon de... Oui, paille de Valvite. Et ces filets électromagnétiques n'ont pas été inventé avant l'ère glaciaire de Kirik donc... - Je reviens poser mes yeux sur lui. - Je dirais le début de l'année 56 235. - Un sourire passe sur mes lèvres. - Mais tu peux vérifier la date sur ton billet, que je n'ai pas du tout regardé. - Ajouté-je, l'air innocent, avant de me diriger vers la porte.

Pour ouvrir, j'utilise mon sonique. Le billet passager ne permet pas de se rendre dans la soute sans autorisation du Staff, par sécurité. Je passe devant, la porte se refermera lorsque tout le monde sera sortis, et nous entrons dans le dernier wagon couchage. Rien à voir, à part un long corridor longé d'un côté par la paroi vitrée, et de l'autre par les portes de cabines qui s’enchaînent. - Là c'est moi, et puis toi.. et puis toi. - Dis-je lorsque nous passons devant nos portes. - Mais on reviendra plus tard. - Dehors, la lueur spatiale s'est teintée de jaune et je sais exactement ce que ça veut dire.
Traverser les autres wagons résidentiels n'a rien de bien fastidieux, ni captivant. La même décoration, sans différence ci ce n'est le numéro des portes. Les choses changent lorsque nous atteignons notre destination, le wagon de plaisance. Une série de banquettes et sièges bleus arrangés le long d'un passage large.

Les passagers sont tous là, raison pour laquelle nous n'avons rencontré personne en arrivant. Certains sont assis, d'autres sont debout. Trois serveurs et serveuses passent parmi eux, un plateau chacun. Ils proposent à boire, un liquide doré, avec de très fines bulles, dans de magnifiques verres en forme de longues fleurs. Champagne? Non, pas vraiment, mais presque. Un peu. Pas tout à fait, mais bref, ça y ressemble. D'ailleurs, lorsque nous arrivons, l'un des serveurs nous approche et je distribue les verres à mes deux humains et à moi-même avant de remarquer une vibration à la surface du liquide. Qui ne vient pas du train. - Ça commence. - Soufflé-je, déjà captivé, alors qu'une intense lumière traverse les vitres.
À l'extérieur, les météorites chutent avec grâce. Des blocs irréguliers de verres et de glaces, qui reflètent la lumière tels des miroirs, entourés d'une formation de gaz luminescent. Une cascade d'or et de feu aux reflets multicolores. Comme des boules à facettes spatiales en slowmotion qui donnent au wagon une ambiance presque chimérique. Un spectacle à couper le souffle dont la chaleur diffuse envahie l'espace et fend la carapace des plus imperturbables. Et tout naturellement, un sourire s'est invité sur mon visage. Alors je bois une gorgée du liquide fruité, perdu dans mon absolue contemplation.

Le début de l'année 56 235... Ça ne devrait sans doute plus m'étonner depuis le temps, mais la part si humaine de ma personne ne peut tout de même s'empêcher de ressentir ce mélange douteur de frénésie et terreur chaque fois que nous posons le pied dans le futur. Cette année, je ne l'aurais assurément jamais vu de mon vivant en d'autres circonstances, mais on dirait qu'une part de moi à toujours cette impression que je pourrais tomber sur quelque chose qui pourrait changer ma vision de mon époque à tout jamais. Comme si je pouvais me trouver dans le secret des dieux jusqu'à ma mort pour avoir vu ou entendu ce tout petit détail qu'il aurait sans doute mieux pour moi ne jamais entendre. Si loin dans le temps, le risque est faible j'imagine, mais tout de même... Je ne réagis tout de même pas davantage qu'en ces réflexions que je garde pour moi, comme tant d'autres, alors que je m'approche des fenêtres pour observer à l'extérieur. Pinçant brièvement les lèvres avant de retourner auprès du Professeur et de notre nouveau compagnon de voyage mentionnant cette procession de météorites qui m'était complètement sortie de l'esprit.

Nous sortons du wagon, passant dans le suivant où le Professeur nous montre la localisation de nos cabines. Près de la soute et donc du Tardis, ce que j'apprécie en cas de problème. Les uns derrière les autres, nous poursuivons ainsi notre progression jusqu'à un wagon un peu plus animé que les autres. N'y connaissant rien en trains pour voyageurs, je suppose qu'il s'agit d'un genre de salon commun pour tous au décor d'une époque qui me semblait pourtant révolue depuis longtemps. Je prends le verre que le Professeur me tend, pour le principe, même si je sais que je ne le boirai pas, mon regard déviant vers la fenêtre pour observer à l'extérieur à sa remarque. C'est magnifique, réellement superbe, et pourtant je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se produirait si l'une d'elles devait tomber sur le train. Sans doute n'est-ce pas envisageable, sinon personne ne se trouverait là bien tranquillement à admirer cette merveille, mais le monde ne s'est pas construit de l'absence de risques... « De quoi sont-elles faites? »

Quelques secondes après que les météorites ont fait leur apparition, la lumière du wagon s'estompe avec douceur. L'espace plongé dans une pénombre relative se retrouve envahie des reflets de couleurs que la lumière extérieure projette sur les facettes des météores. - De quoi sont-elles faites? - Glace. Roche lunaire. Verre naturel. Les météorites en elles-mêmes n'ont rien d'extraordinaires. C'est le gaz qui les entoure qui fait tout le boulot. Il est produit par une étoile voisine, et la procession passe à travers le nuage avant de passer par ici. C'est une étape de leur voyage en boucle qui n'arrive que tous les deux cents ans.

Le sourire d'Adam est communicatif. Première rencontre avec un alien, qui n'est pas moi, particulièrement gérée; et premier phénomène cosmique qui semble le ravir. Machinalement, je bois une nouvelle gorgée et permet à mon regard de dériver un peu du paysage immédiat vers le voile étoilée au-delà. Et je le fixe sur un point lumineux, significativement plus gros que les autres, avant de poser ma main sur l'épaule d'Adam et un index contre la vitre froide. - Look over there. Do you see that big white dot? Just to the left of the last meteorite? - Je lâche son épaule lorsqu'il le trouve du regard. - C'est la Voie Lactée. Nous ne sommes pas si loin. - Dis-je en me redressant. - Juste deux galaxies d'écart. - "Juste" étant le mot clé, bien sûr. Même si d'un saut de TARDIS, les frontières de l'univers ne sont qu'à quelques secondes prêts.

Et quelques secondes, c'est tout ce qu'il me faut pour tourner la tête et voir une serveuse approcher. Un plateau en équilibre sur sa main, quelques verres vides dessus. Ses cheveux sont blonds, parcourus de quelques mèches dorées. Ses yeux  sont noirs, ses pupilles tachetées de violet. Elle n'a pas de nez comme les humains, mais une série de trois paires de narines, les une au-dessus des autres. Et je tends le bras dans un réflexe. À la fraction de seconde où elle trébuche, j'ai déjà saisi le plateau. Aucun verre ne tombe, même si le bruit qu'ils font attire quelque regard. - Est-ce que ça va? - Oui, merci. Je suis désolé. - Il n'y a pas de mal. - Lui dis-je en lui rendant le plateau. Ses joues ont rougi. Les mèches dorées ont viré couleur cuivre. Elle reprend sa marche parmi les passagers et je reviens aux météorites, les sourcils froncés. Comment ai-je pu anticiper cet incident? Déjà-vu?

J'acquiesce distraitement de la tête à la réponse du Professeur, presque déçu de ne pas avoir une explication moins commune à ce phénomène que je n'ai pourtant jamais observé de si près et n'aurais peut-être simplement jamais eu la chance d'observer en temps normal. Deux cents ans, je suis bien loin d'aspirer vivre tout ce temps. Je dépose mon verre sur une surface non loin, toujours non entamé, observant du coin de l'oeil le sourire d'Adam et les explications du Professeur concernant notre localisation. Enviant presque notre compagnon de simplement arriver à profiter de l'instant là où je n'ai jamais réellement été capable de le faire. Je ne me souviens pas même de la dernière fois où j'ai pu m'extasier comme un gamin devant la moindre chose, bien trop occupé que j'étais à protéger et servir. Quand est-ce que je suis devenu si morne et sérieux? Peut-être que cet ajout ne sera pas un mal après tout. Il a même déjà fait ses preuves sur le plan 'se sortir d'une situation malaisante avec un alien', s'en sortant plutôt bien même pour quelqu'un qui le dévisageait comme tout humain normalement constitué n'ayant jamais vu un alien n'ayant pas une forme humaine. Bien joué gamin, je l'ai pensé plus que je ne l'ai prononcé comme toujours, ne voulant pas briser le moment.

J'allais plisser les yeux pour observer la pluie de plus près lorsque je vois le Professeur tendre le bras et attraper un plateau qui aurait sans doute tombé à en juger par le bruit des verres s'y cognant les uns contre les autres. Hey bien, voilà des réflexes qu'il ne me semble pas déjà avoir remarqué. Non qu'il soit lent en général, mais nous parlons là d'une fraction de seconde. J'hausse un sourcil en observant la scène, leur échange, les cheveux changeant de l'alien et le rouge lui montant aux joues. « Bon réflexes. » Que je mentionne simplement une fois la serveuse partie, une interrogation certaine se lisant assurément sur mes traits. Je me penche ensuite en direction d'Adam pour murmurer, histoire de ne pas attirer trop de regard. « Ne t'en fait pas, on s'habitue aux apparences particulières. En cas de doute ne les fixe simplement pas dans le ou les yeux, histoire de ne pas les provoquer. »

Bon réflexes. - Yeah. - Dis-je simplement au commentaire de Spencer. Excellent réflexe, même. Est-ce qu'on peut vraiment appeler ça un réflexe si le geste anticipe la cause? Pas la conséquence? D'un autre côté, je ne suis pas humain. Ni n'importe quoi d'autre peuplant ces wagons. Un seigneur du temps a un rapport au déroulement des choses un peu différent. Ce n'était peut-être rien de plus qu'un flash. Comme une petite bulle de mémoire dans le fil des événements fixes. Is that a thing? Probably is. Clairvoyant est le diseur de bonnes aventures. Pas moi. Ça se saurait, depuis le temps.

Laissant mon cerveau reléguer ça au fond de mon esprit, je laisse Adam et Spencer quelques secondes et me rapproche d'une table haute. Installée vers le milieu du wagon, quelques mets y ont été exposés. D'un geste discret, je laisse le sonique scanner la nourriture et observe les symboles dorés sur le fond noir s'animer. Les données sont claires. J'adore ce stylo. Et maintenant que je suis là, dos aux météorites, je remarque à quel point l'espace de l'autre côté du train parait sombre. À tel point que les vagues synergiques de la propulsion accueillent l'ombre du train, projetée par la lumière des météores. Tout autant fasciné par ça que le reste, je bois une gorgée et reviens en arrière.

Le spectacle de la procession des météorites semble avoir fait son effet, mais également son temps. La plupart des passages se sont tournés vers d'autres occupations, même si quelques irréductibles continuent d'observer la procession des miroirs. Traversant l'espace restreint, je repasse par la table buffet et rejoins mes deux humains, un feuilleté rouge en forme d'ovale dans la main. - J'ai vérifié la nourriture. Vous pouvez tout manger, sauf ça. - Je le leur montre, avant de le fourrer dans ma bouche. - Votre système digestif n'est pas du tout prévu pour ce truc-là. - Un coup à être malade pendant des jours, s'ils ont de la chance. Autant éviter. - Vous devriez essayer les coques de Mardok, c'est un délice.

De la même race et du même genre que la serveuse dont j'ai sauvé le plateau, la seule différence physique réside en ses cheveux, coupés courts. Elle porte une robe bleu nuit absolument magnifique et quelques bijoux en or qui font échos aux mèches scintillantes sur sa tête. - Humains, c'est ça? - J'acquiesce dans un sourire. Cette femme ne fait pas parti du staff. Elle est l'une des passagères. - Izangarienne, si je ne m'abuse? Vous venez de... - Izanga, notre planète de destination. Je m'appelle Filandra Darialandranova, mais vous pouvez m’appeler Fi. - Dit-elle, captivante, en tendant sa main vers Adam.

Il y a des choses dans la vie que personne ne pourra jamais réellement vous apprendre, que vous devrez apprendre par vous-même sur le tas lorsque face à une situation bien particulière et les rencontres de ce type en font assurément parti. Non pas que le cerveau humain ne soit pas habitué aux images de fiction des aliens qu'on peut voir dans les livres ou les films, mais il y a une différence entre ce qu'on suppose être de la fiction et voir la réalité à deux pouces de notre nez. Des choses j'en savais beaucoup lorsque j'ai débuté cette aventure il y a quelques années, mais je me suis bien vite rendu compte qu'en fait j'en savais bien peu sur ce que je devrais réellement affronter et côtoyer. Je ne veux pas même imaginer ce qu'il en est pour Adam, simplement lancé dans le tas et surtout dans ce wagon rempli d'aliens que moi-même je n'ai pas entièrement croisé. L'univers étant bien trop vaste pour que ce soit si simple. Certes l'année d'entrainement avec eux m'a fait découvrir beaucoup d'espèces différentes, ce qui n'est pas un mal puisque je visualise plus facilement leurs points faibles, mais assurément pas toutes celles que nous pouvons encore croiser. Peut-être que j'aurais dû en faire un recueil pour la postérité qui sait, ce qu'il n'est pas encore trop tard pour commencer. Ça aurait au moins le mérite de m'occuper un peu à temps perdu et peut-être donner un coup de main à Adam plus que simplement dans le spontané d'un instant.

Je souris brièvement lorsqu'il me demande depuis combien de temps je voyage avec le Professeur, mais surtout si ma provenance est la même que la sienne. « Simple humain comme toi. Disons simplement qu'en quatre années de voyage avec lui je me suis habitué à beaucoup de choses. Il en faut un peu plus pour me choquer. » Entendant le Professeur mentionner la nourriture, je laisse mon regard glisser de cette dernière à la bouchée qu'il glisse dans sa bouche mine de rien après nous avoir dit de ne pas manger de cette chose. Oh oui... simple humain. Là encore cependant, l'envie n'est pas réellement à manger et je me contente d'un bref coup d'oeil à la nouvelle venue avant de reporter mon attention sur la pluie, écoutant tout de même d'une oreille curieuse. Izangarienne... il ne me semble pas en avoir croisé encore.

Adam. Nice to meet you, Fi. - Avait-il dit en saisissant cette main tendue. - Nice indeed. - Avait-elle répondu, gardant sa main dans la sienne durant deux longues secondes avant de s'en défaire dans un sourire. - Je suis le Professeur. Et notre ami silencieux, c'est Spencer. - Un plaisir. - Ajoute-t-elle. Son visage transmet l'honnêteté de ses paroles, mais Adam demeure le seul élu à avoir eu droit à serrer sa main. - Nous ne voyons pas beaucoup d'humains, dans notre petit coin de galaxie. Je crois d'ailleurs que vous êtes les premiers à égayer mon regard depuis plusieurs années. - Ajoute-t-elle en nous observant avec attention, un peu plus patiemment pour Adam. - Qu'est-ce qui vous amène à bord de notre Orient Express?

Naturellement, je jette un œil à mes joyeux compagnons avant de pointer les météores du pouce. - La procession des météorites miroirs est une merveille bien connue. - Je croise mes bras dans mon dos. - Nous sommes des voyageurs. Et c'est le premier véritable voyage que fait Adam. - La procession est une destination de choix, c'est vrai. Mais à notre terminus, vous devriez vraiment passer quelques temps sur Azenga. La cité de Distanza vous plaira. - Son regard dévie vers Adam, sensiblement. - Je me ferais un plaisir de vous la faire visiter.